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Portrait d'agent : Rodolphe, agent de l'équipe technique départementale des Espaces Naturels Sensibles (ENS)

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©Mathieu Deshayes
A 42 ans, Rodolphe Brice travaille en plein air sur des sites riches en faune et en flore préservés par le Département. Cet agent des ENS contribue activement à la protection du milieu environnemental.

« J’ai toujours eu envie de travailler dehors », introduit Rodolphe Brice. « J’ai fait mes études dans les Pyrénées en gestion forestière. Je voulais intégrer l’ONF (Office national des forêts) en tant que garde forestier. Je me suis finalement dirigé vers le bucheronnage mais je ne me suis pas épanoui dans cette voie. Je suis arrivé au Département de la Seine-Maritime dans les années 2000, en tant qu’emploi jeune, dans ce qui s’appelait à l’époque les brigades vertes. Je faisais partie des ambassadeurs environnementaux. En 2005, à la fin de mon contrat initial, mon poste a été pérennisé et j’ai été affecté à la direction de l’Environnement. »

Très investi, Rodolphe a toujours mis un point d’honneur à assumer ses missions et s’est vu confier au fil des ans de plus en plus de responsabilités. Appréciant cette possibilité d’évolution, il a ainsi vu son métier se transformer.
« Avant je ne faisais quasiment que du débroussaillage. Désormais je suis référent de plusieurs Espaces Naturels Sensibles (ENS). On m’a confié toute la frange littorale entre Saint-Jouin-Bruneval et Bénouville, ce qui comprend le secteur géographique d’Étretat et tous les terrains du Conservatoire du littoral. J’ai aussi la vallée de Seine en amont de Rouen, la tenue du bois départemental de Villequier (Rives-en-Seine) et la tourbière d’Heurteauville. »

Sur ces différents ENS, Rodolphe assure la gestion écologique, la surveillance, le suivi scientifique et l’accompagnement d’entreprises extérieures qui travaillent sur les sites. Le comptage des espèces animales (nombre de cervidés, d’oiseaux, d’amphibiens, etc.) fait aussi partie de ses missions.
« Les surveillances se font au moins une fois par mois sur chaque ENS. Nous avons des partenaires qui travaillent sur les différents sites et, s’ils remarquent quelque chose, ils nous préviennent. On doit respecter un programme de travaux dédiés à chaque site, par exemple d’avril à septembre/octobre on effectue les opérations de nettoyage et d’entretien. Il y a plus d’activités qu’en la période hivernale. »

L’agent départemental veille au respect des lieux. En tant qu’agent assermenté, il pourrait verbaliser les personnes qui ne traiteraient pas avec égard ces écrins de verdure. Mais l’idée est avant tout de privilégier le dialogue et la sensibilisation.

En ce début d’après-midi, à l’accueil de la tourbière d’Heurteauville, Rodolphe finit d’accrocher les différents panneaux pédagogiques. Tout doit être fin prêt en vue de l’inauguration qui se déroulera quelques jours plus tard.

Dans le but d’une ouverture au public, de nombreux aménagements ont été réalisés afin de proposer aux visiteurs un parcours qui s'intègre dans l'ENS avec un parti pris architectural contemporain reposant sur le bois. Accessible à tous - notamment aux personnes à mobilité réduite (labellisation tourisme et handicap en cours), ce sentier comprend des stations d'interprétation pédagogiques et ludiques reposant sur les sensations du public et mettant en valeur l'histoire et le fonctionnement du site. Il favorise les interactions avec l'eau et joue avec la topographie du lieu pour diversifier le parcours.
« J’ai été associé de A à Z au projet d’aménagement de la tourbière d’Heurteauville. J’ai travaillé en étroite collaboration avec ma direction et le responsable du site. Ils m’ont fait confiance, et je dois dire que c’est très valorisant. »

Les journées de l’agent sont bien remplies. En effet, la tourbière d’Heurteauville est la 3e plus grande de Normandie avec ses 200 hectares, autant dire qu’il a de quoi faire.
« Comme le site est ouvert au public, tous les jours, je dois en faire le tour pour voir si tout va bien. Il faut vérifier qu’il n’y a pas de braconnage. Des pêcheurs ont déjà été surpris alors qu’il est interdit de pratiquer dans l’étang. Nous avons aussi des conventions avec des cahiers des charges à respecter, notamment avec des agriculteurs et une association de chasse pour la régulation du nombre de sangliers. Je participe donc à une ou deux chasses par an pour veiller au bon respect. Il faut comprendre que nous sommes sur un espace naturel sensible protégé mais pas dans une réserve. Le site doit vivre. »

Rodolphe n’est donc pas seul à prendre soin de cet ENS. Il travaille avec différents partenaires et cultive par ailleurs le dialogue avec les habitants à proximité.
« Ça fait une dizaine d’années que j’interviens sur la tourbière, depuis tout ce temps j’ai réussi à tisser un lien avec les locaux. Dans ce métier il faut beaucoup communiquer. C’est drôle parce que lorsque je ne suis pas là, il arrive que certains m’envoient un petit message pour me tenir informé de tout événement. »

Que ce soit sur terre, dans les airs ou dans l’eau, 991 espèces animales ont été répertoriées. Dans les 50 hectares de l’étang, on peut trouver des brochets, des brèmes ou encore des perches. Sur ses rives, des rats musqués, des ragondins et des couleuvres peuvent être aperçus. « Il y a un couple de cigognes qui vit là toute l’année. Leur nid est tombé une fois mais elles l’ont refait. Deux jeunes naissent en moyenne chaque année mais eux, en revanche, ils migrent. Il faut dire que leurs parents ont de quoi avoir envie de rester ; ils trouvent de quoi se nourrir avec les différentes espèces d’insectes, de grenouilles… »

Avec son parcours, Rodolphe connaissait déjà beaucoup de choses sur la flore mais il continue toujours d’apprendre jour après jour. Ainsi, avec la tourbière, il a notamment appris à mieux connaître la flore. Sur les 200 ha que compte cet ENS, seuls 10 ont été aménagés pour le public. La grande majorité des lieux garde ainsi son côté sauvage et toute sa splendeur naturelle, ce qu’apprécie parfaitement l’homme de terrain.

« J’aime ce que je fais et la vue est très belle. Si on me demandait de choisir mon site préféré je répondrais que c’est celui-ci. Le côté resté un peu plus sauvage, ressemble à un petit Canada ou encore les landes en Irlande, avec les bords de l'étang parfois dans le brouillard. Ce sont des ambainces qui font qu'on se croirait ailleurs. C’est un véritable poster grandeur nature, le paysage est magnifique. »