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Audace et modernité : exposition vintage

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©Département de la Seine-Maritime

L’Hôtel du Département et sa tour des Archives se dressent fièrement face à la cathédrale de Rouen sur la rive gauche de la Seine depuis 1965. Aujourd’hui inscrit au titre des Monuments historiques, une exposition retrace l’histoire de ce bâtiment, à la fois exemple d’architecture moderne et issu d’un projet audacieux.

Une nouvelle préfecture

À Rouen, un passant traversant la Seine sur le Pont Boieldieu remarquera sans nul doute les bustes de navigateurs érigés sur toute sa longueur. Mais, en s’arrêtant au milieu du pont, face à la Seine, il est un détail qui ne peut passer inaperçu : deux tours se regardent. La première caresse les nuages à 151 mètres de hauteur ; il s’agit de la flèche de la Cathédrale Notre-Dame-de-Rouen. La seconde, bien plus moderne, tente de lui faire de l’ombre : la tour des Archives départementales. Cette dernière, construite en 1965, culmine à 104 mètres (en prenant en compte son antenne). L’une représente l’Église, l’autre l’État et il faut remonter en 1951, en pleine période d’après-guerre et de reconstruction d’une nation dévastée pour replacer cette construction dans son contexte. La ville de Rouen est ravagée par les bombardements, particulièrement sa rive gauche, laissant de vastes terrains vagues en attente d’éventuels projets. Les institutions cherchant à l’époque un lieu pour abriter les bureaux des agents de la Préfecture (et du Département qui dépendait alors du Préfet), l’ancienne gare de la rive gauche apparaît comme l’endroit idéal : des centaines de mètres carrés d’espace en face de la Seine, avec une vue dégagée sur la prestigieuse cathédrale. « Nous sommes en plein dans les Trente Glorieuses, une période faste pour l’État. Il s’agit d’asseoir l’autorité institutionnelle », commente Isabelle Maraval, chargée de mission du patrimoine au Département, qui assure les visites guidées de l’exposition « Audace et modernité » (lire plus bas). Dès 1957, la construction ambitieuse de ce bâtiment en béton armé commence et pas moins de quatre architectes travaillent sur le projet. Ils imaginent alors cette nouvelle préfecture avec bureaux et services accueillis dans un bâtiment aux volumes modernes tandis que les Archives, traditionnellement enterrées, s’élèvent dans une tour à une centaine de mètres.

Le prestige de l’État

En 1965, les bâtiments sont prêts à accueillir public, agents et élus. Dès son entrée dans la cour, le visiteur ne peut alors échapper au luxe qui s’étale devant lui : bassins en mosaïque, lustres majestueux réalisés sur mesure et sol recouvert de marbre. Les plus grands décorateurs de l’époque se sont succédé pour donner à cette nouvelle préfecture sa période de gloire et des oeuvres d’artistes de renommée internationale viennent même orner les murs et salons. Pour n’en citer que quelques-unes : le Cheval Majeur de Raymond Duchamp-Villon, une pièce d’exception, ou encore la monumentale Tapisserie de Rouen de 85 mètres carrés, encore aujourd’hui exposée dans le grand salon de l’Hôtel du Département.

Suite à la loi de décentralisation, les services de la Préfecture quittèrent le bâtiment en 1995 pour laisser le Conseil Général de l’époque occuper en totalité les lieux. S’en suivirent des travaux d’agrandissement afin de répondre aux nouvelles compétences du Département.

Une exposition à partir du 19 mai

L’exposition Audace et modernité retrace les 55 ans d’histoire de ce bâtiment. « Depuis 2020, l’Hôtel du Département est classé au titre des Monuments Historiques. Nous avons ainsi eu l’occasion de retrouver de nombreuses pièces d’archives, tels que les plans d’architectes, des photos, des vidéos. Tout cela méritait bien que l’on y consacre une exposition », argumente la guide. Des documents retraçant l’histoire de ce bâtiment remarquable et de ceux qui y ont vécu - les élus et agents - sont ainsi présentés aux visiteurs.

Sept magnifiques photographies noir et blanc de 1965, de Bernard Lefebvre dit Ellebé et Philippe Rougelin, représentant l’Hôtel du Département, sont dévoilées à l’entrée de l’exposition. La galerie Rollin, installée à Rouen depuis une soixantaine d’année, a décidé de soutenir cet événement culturel à travers un mécénat de compétences en se chargeant de l’encadrement de ces sept clichés. Une convention liant le Département et la galerie formalise cette action.

À ne pas manquer : les reconstitutions de bureaux

Afin de plonger le visiteur dans les conditions de travail de l’époque, des bureaux de « chef de bureau », de « directeur » et de « dactylo » ont été reconstitués. Alors que certains se souviendront avoir pianoté sur les touches de la superbe Olivetti Studio 44, d’autres pourront  se remémorer le nombre de cheveux arrachés en utilisant leur machine à calculer. Sur une vidéo, les plus curieux pourront même découvrir la technique utilisée à l’époque par les opératrices en blouse de nylon du « tube pneumatique » qui servait à transmettre les dossiers de cartes grises par le biais d’un système propulsant par pression des navettes cylindriques. Une véritable révolution !

Des visites guidées de l’exposition sont proposées sur réservation en ligne.