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Florian Merrien : trois titres sinon rien

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À 36 ans, le pongiste mont-saint-aignanais Florian Merrien collectionne les trophées. Le week-end dernier, en Moselle, il a remporté trois titres de champion de France, en simple et en double. Une manière parfaite de préparer les Jeux paralympiques d’été de Tokyo 2021 qui se tiendront du 24 août au 5 septembre.

 

Ce qui frappe au premier abord ce sont ses mains. Rapides, virevoltantes, elles appuient ses propos en les ponctuant de mouvements fluides. On imagine alors aisément la dextérité dont il peut faire preuve en match lorsqu’il doit donner une trajectoire puissante et incurvée à ses balles. De véritables projectiles en fusion et à haute vitesse dont il bombarde allégrement son adversaire, sans y accorder toutefois une importance fondamentale. « On finit par ne plus les regarder. On se concentre plutôt sur les déplacements de l’autre, sa façon de tenir la raquette. Tout est dans la lecture des gestes, la compréhension et l’anticipation ».

À l’entendre, le processus paraîtrait presque facile. En réalité, il exige des milliers d’heures de pratique et de compétition. Cette expérience des tables de ping-pong, Florian Merrien la possède depuis l’âge de 10 ans. Aujourd’hui il la revendique sans fierté particulière, plutôt avec bonhomie. Un aplomb teinté d’une simplicité sincère, celle des habitués de gymnases dont la passion n’a été émoussée ni par le poids des ans ni par la redondance des entrainements, surtout lorsqu’ils sont effectués en pleine pandémie mondiale. « Ces derniers mois ont été très particuliers mais hormis l’absence totale de compétition, ils n’ont pas été si perturbants que cela. Heureusement le ministère avait établi un décret permettant de continuer les entraînements pour les athlètes de haut niveau ».

Sur ce dernier point, le statut de Florian ne souffre pas la moindre discussion. Et s’il parle souvent de son sport en mettant en avant la notion de partage entre joueurs, entraîneurs et public, il ne laisse souvent que des miettes à ses rivaux. C’est de longue date que ce règne incontesté se vérifie, notamment sur la scène nationale, comme il l’a prouvé une fois de plus ce week-end, aux championnats de France élite handisport qui se tenaient à Maizières-lès-Metz, en Moselle. En remportant trois titres de champion, en simple, en doubles messieurs assis et en doubles mixtes, le Mont-Saint-Aignanais s’est échauffé idéalement pour son grand défi de l’année : les Jeux paralympiques d’été de Tokyo 2021. « C’est la compétition majeure, et de loin ma préférée. Je ne cesse de m’entraîner, à raison de 6 heures par jour, avec mes partenaires et amis de mes deux clubs : Bayard-Argentan et Grand-Quevilly ».

L’une des raisons qui explique peut-être son engouement pour les Jeux est le répondant d’une autre dimension des adversaires, qui comptent tous parmi les joueurs les plus redoutables de la planète. L’échéance sportive ne rend pas anxieux Florian, numéro trois mondial actuellement. Même s’il avoue mal dormir les jours précédant les matchs. « C’est dû à l’impatience d’en découdre. Je vais tout donner pour gagner, comme toujours. Par exemple, lors de mes premiers Jeux, en 2008, à Pékin, où nous avions remporté la médaille d’or par équipe. Cela m’a valu d’ailleurs un tatouage sur le biceps gauche des anneaux olympiques, suite à un pari stupide entre amis fait en amont de la compétition. Je l’avais accepté car je ne pensais pas du tout rentrer avec un titre ! »

La compétition reine a valu à Florian non seulement des voyages mais aussi des moments d’une rare intensité, pour le meilleur comme pour le pire. En 2012 à Londres, il décroche une médaille de bronze en équipe mais échoue sur la quatrième marche du podium en simple. « Ça, j’ai eu vraiment énormément de mal à l’avaler ». En 2016, à Rio, c’est en solo qu’il obtient la troisième place, « un super souvenir ; le public brésilien n’avait pas grand-chose à faire du tennis de table mais dans les gradins, c’était la fête en permanence ! »

Le planisphère de Florian a de plus en plus de croix sur les différents continents mais cela n’a rien à voir avec son territoire d’origine, la Seine-Maritime, qu’il sillonne inlassablement et connaît par cœur. « Je travaille pour le Département en tant qu’ambassadeur sport et handicap. Ma mission repose sur la sensibilisation au handicap sous toutes ses formes et elle s’exerce dans les collèges, auprès des jeunes ». Ainsi, à travers le dialogue et parfois des ateliers, Florian échange avec les collégiens sur différents sujets, tous plus ou moins liés au handicap. « Ensemble, nous parlons des différences de manière générale. Cela peut prendre la forme des discriminations envers les personnes d’une autre couleur de peau, d’un autre genre ou d’une autre religion ». Les sujets sont graves mais toujours saupoudrés d’une espièglerie chère à l’intervenant, surtout quand les questions sont aussi candides qu’insolites. « J’ai des élèves très intrigués qui m’ont déjà demandé comment je faisais pour me laver ! Alors je leur réponds que je ne le fais qu’une fois par an, à Noël, pour faire plaisir à mes parents…et certains y croient ! »

Déterminé, amoureux fou de son art et heureux de prêcher l’ouverture d’esprit, Florian a le verbe haut et gai. Il y a toutefois une question qui le prend de court : combien de titres possède-t-il à ce jour ? « Je n’en ai aucune idée à vrai dire car il y a eu dans ma carrière des dizaines de podiums en simple ou en équipe. J’ai pu remporter de l’or, de l’argent et du bronze en championnats d’Europe et du monde ainsi que des titres de champions de France ». Ces médailles sont autant de tonitruantes revanches sur la vie pour quelqu’un cloué  à un fauteuil roulant depuis l’âge de 18 mois. Quant au coupable, un virus ancré dans la moelle épinière, Florian lui adresse le plus beau des pieds de nez : il range ses innombrables trophées dans des boîtes à chaussures.