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Le Département entretient et sauvegarde son patrimoine

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©Marceau Bellenger

La Tapisserie de Rouen, oeuvre monumentale de 85 mètres carrés, est exposée dans le grand salon de l’Hôtel du Département. Sa restauration actuelle s’inscrit dans la politique du Département relative à la préservation de son patrimoine.

Impossible de la rater en franchissant les portes de l’Hôtel du Département. Dans le grand salon accueillant tout visiteur de l’hémicycle du Conseil Départemental, la Tapisserie de Rouen impressionne non seulement par ses dimensions - 6,80 mètres de hauteur pour 12,50 mètres de largeur- mais aussi par ses motifs et ses couleurs. Au premier regard, ses trames subtiles dessinent des arches et des vitraux de cathédrale, tous baignant dans des coloris tantôt vifs, tantôt sobres. Mais au-delà de ces visions, la teneur abstraite de cette tapisserie d’Aubusson transporte l’imaginaire car il est facile d’y déceler également des ponts, des forêts ou des abbayes.

Ces entrelacs de lignes et de formes datent de 1965, l’année où a été installée la tapisserie monumentale. Ils sont nés dans l’imaginaire de Mathieu Matégot (1910-2001), designer reconnu dès les années 40 et illustre figure de la tapisserie moderne abstraite. Nécessitant près de 3 000 heures de confection pour son carton (une ébauche en dimensions réelles), un mois de maquette et 20 000 heures de tissage, la Tapisserie de Rouen est aujourd’hui la pièce maîtresse de la collection d’œuvres d’art du Conseil Départemental de la Seine-Maritime.

Accusant une légère fatigue due aux années passant, la tapisserie avait besoin d’un dépoussiérage et d’un diagnostic. Le Département menant une politique de sauvegarde et d’entretien de son patrimoine, le travail de rafraîchissement a été validé et confié à Amandine Cambet, tapissier à Rouen. Formée aux Compagnons du Devoir, cette jeune chirurgienne du tissu âgée de 29 ans intervient en plusieurs étapes. « D’abord, il faut aspirer chaque centimètre carré de la tapisserie. Cela permet de traquer chaque défaut. Si une mite a pondu ou si des fibres naturelles se sont détériorées par exemple ». Ayant fait ses premières armes de tapissier - restaurateur de patrimoine dans des châteaux comme celui de Voltaire, dit de Ferney-Voltaire, situé à la frontière franco-suisse, Amandine sait que les outrages du temps sont moins marqués dans un bâtiment moderne comme l’Hôtel du Département que dans un édifice médiéval. Ce qui ne rend pas pour autant facile la seconde étape de son travail, qui consiste à « établir des points de restauration pour ne pas que les déchirures s’agrandissent ». Afin de  réaliser ces travaux d’orfèvre, 3 jours lui seront nécessaires avant de repartir sur d’autres chantiers et de peut-être transmettre sa passion, « la personne qui m’a appris le métier était non seulement un passionné mais aussi un historien de l’art. Elle m’a fait comprendre que ce travail de tapissier est non seulement manuel mais aussi très intellectuel ».