Aides aux collégiens
- POUR VOUS SERVIR
- Rechercher
-
Services en ligne
- Mes démarches en ligne
- Pass Jeunes 76
- Subvention ZFE-m
- Handipass' sports 76
- Aide au sport
- Aide aux Collégiens pour la Restauration et l'Internat
- Tope là !
- Téléservice personnes âgées ou en situation de handicap
- Archives / Recherches
- Aides clubs seniors
- Trouver mon collège
- Marchés publics
- Aides communes / EPCI
- Parc départemental de matériel
- Offres d'emploi
- Transports adaptés élève / étudiant en situation de handicap
- Etablissement d'accueil du jeune enfant
- Extranet NOTAIDE-SOCIALE 76
L'agriculture d'un autre genre
Publié : Il y a 7 mois
Trop souvent dépréciées, les femmes dans l’agriculture sont depuis toujours des forces vives. Essentielles autant que les hommes à la bonne tenue d’une exploitation et de tout ce qui l’entoure, elles militent avec de plus en plus d’énergie pour un changement de paradigme. Des exemples en Seine-Maritime le démontrent, telles Anaïs Ferrand-Milet, arboricultrice à Bardouville et Astrid Le Rolland, maraîchère à Manneville-la-Goupil.
A vue d’œil, la cagette pèse un poids certain. Combien de pommes reposent à l’intérieur ? 50 ? 60 ? A l’idée de la soulever, on imagine un lumbago naissant. Et pourtant, Anaïs (en photo ci-dessus) a l’habitude. Ce fruit, c’est sa vie, son quotidien qu’elle partage avec son mari. « Nous sommes complémentaires. Il est surtout à la production pendant que je suis sur la partie commerce, mais nous pouvons aussi intervertir. Les tâches sont bien réparties entre nous. » Cette complémentarité est nécessaire pour relever le défi de l’arboriculture fruitière. Anaïs et Benoît ont repris il y a trois ans cette exploitation. « Elle se divise en cinq parcelles éparpillées sur Bardouville. On produit surtout des pommes, à travers six hectares. Mais aussi des poires, des cerises ou des prunes. » Ingénieure agronome, Anaïs n’avait jamais conditionné des fruits ni taillé des arbres. Elle a donc appris sur le champ avec une ligne directrice, « privilégier la qualité sur la quantité, et miser aussi sur la diversité. Nous avons une vingtaine de variétés de pommes, six de poires et une dizaine de cerises différentes ».
Avec une équipe parfois agrémentée de saisonniers, la jeune femme de 31 ans, originaire du Nord, s’adapte aux saisons et à leurs humeurs fluctuantes. « En ce moment, on redoute les printemps précoces, entrecoupés de périodes de gel. On doit observer attentivement la floraison des arbres. Et il faut réguler la production. En moyenne, elle est de 25 tonnes de pommes par hectare, ce qui en fait 150 à commercialiser. Nous avons une taille intermédiaire et cela nous permet de tout faire manuellement et de se concentrer intégralement sur le local ». Si l’exploitation suit désormais un protocole bien rôdé, le couple n’est pas pour autant sur un pied d’égalité aux yeux des interlocuteurs. « Nous travaillons sous nos deux noms et sur une facture ou une demande de subvention, le mien va disparaître au profit de celui de mon mari, même si je l’ai signé. Certains clients s’adressent à moi certes, mais ils se dirigeront plus facilement vers mon époux. Je dois composer avec cette réalité. »
Pourtant, l’histoire le prouve. « Les femmes ont toujours été là. Elles ont été rendues invisibles, sans statut. Elles géraient néanmoins la comptabilité, le commerce, le soin aux animaux. Aujourd’hui, ce n’est pas plus compliqué de conduire un tracteur que de vendre un produit ». Pour faire progresser les mentalités, Anaïs a rejoint "Femmes en agriculture", un groupe d’agricultrices mis en place en 2023 par les Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) normands. « Nous avons toutes des productions et des fonctionnements différents, mais nous sommes toutes confrontées un jour ou l’autre à des réflexions sexistes. » Le collectif se réunit régulièrement pour travailler sur des thématiques aussi diverses que la place des femmes, la communication et l’organisation du travail. En cette année 2024, il prévoit un programme fait d’ateliers bricolage participatif, de formation à l’autodéfense verbale et à des réflexions pour mieux allier vie privée et vie professionnelle. « Changer les choses, c’est une grande question. Il faut se battre pour être visible », conclut Anaïs.
A 70 kilomètres au nord-ouest de là, et plus précisément à Manneville-la-Goupil, près du Havre, Astrid Le Rolland (en photo ci-dessus) et son mari Pierre tiennent depuis 2013 la ferme de la Hulotte. Cette exploitation familiale de huit hectares produit dans le respect de l’agriculture biologique plus de quarante variétés différentes de légumes tout en offrant le gîte à 350 poules pondeuses. « Toute notre production est commercialisée sur la pointe du Havre. Nous fournissons le réseau des Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap), qui représente 80 % de nos ventes, notamment via les Amap du Panier Cauchois et du Perrey. Nous travaillons aussi avec d’autres circuits de vente directe. » Point commun avec sa collègue Anaïs, Astrid met en avant la complémentarité avec son mari, garante de bons résultats. « Je lui laisse la gestion, le planning de production et la technique spécialisée. Moi, je vais me pencher sur la préparation des commandes et l’administratif. »
Son approche féminine de l’agriculture, Astrid la voit sous le prisme de la polyvalence. « Être femme et agricultrice, c’est avoir une pluralité de missions au quotidien, aussi bien sur le plan professionnel que privé, en tant que mère au foyer par exemple. Par rapport au métier, en tant que chef d’exploitation, il faut aussi pouvoir se positionner comme décisionnaire dans un univers à prédominance masculine. C’est un art de trouver le bon équilibre. » Quant à savoir si les femmes travaillent de la même façon que les hommes... « Je crois que les femmes ont une capacité plus importante à anticiper et à s’adapter à toutes sortes de compétences professionnelles sans être spécialisées dans un domaine précis. Elles peuvent être caméléons et touche-à-tout. »
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Astrid n’a pas souffert d’être une femme dans le milieu agricole. « On ne m’a jamais posé la question "où est le patron ?" mais j’aurais aimé qu’on me la pose. En général, les interlocuteurs comprennent que je suis avec mon mari sur un pied d’égalité. Sûrement car je suis très présente sur le site et que je rencontre tous les acteurs ». Ce respect ne l’a pas empêchée d’entrer, comme Anaïs, dans le groupe "Femmes en agriculture" du Civam. « On a commencé avec des réunions pour échanger sur nos positions de femmes dans l’agriculture. On a aussi eu des formations avec des ateliers. Nos réflexions vont se poursuivre, je vais d’ailleurs accueillir le groupe dans ma ferme au mois d’avril. »
Retrouvez sur le site Panier 76 les informations liées aux exploitations d'Anaïs Ferrand-Milet (les Vergers du Ronceray) et d'Astrid Le Rolland (la ferme de la Hulotte).
A vue d’œil, la cagette pèse un poids certain. Combien de pommes reposent à l’intérieur ? 50 ? 60 ? A l’idée de la soulever, on imagine un lumbago naissant. Et pourtant, Anaïs (en photo ci-dessus) a l’habitude. Ce fruit, c’est sa vie, son quotidien qu’elle partage avec son mari. « Nous sommes complémentaires. Il est surtout à la production pendant que je suis sur la partie commerce, mais nous pouvons aussi intervertir. Les tâches sont bien réparties entre nous. » Cette complémentarité est nécessaire pour relever le défi de l’arboriculture fruitière. Anaïs et Benoît ont repris il y a trois ans cette exploitation. « Elle se divise en cinq parcelles éparpillées sur Bardouville. On produit surtout des pommes, à travers six hectares. Mais aussi des poires, des cerises ou des prunes. » Ingénieure agronome, Anaïs n’avait jamais conditionné des fruits ni taillé des arbres. Elle a donc appris sur le champ avec une ligne directrice, « privilégier la qualité sur la quantité, et miser aussi sur la diversité. Nous avons une vingtaine de variétés de pommes, six de poires et une dizaine de cerises différentes ».
Avec une équipe parfois agrémentée de saisonniers, la jeune femme de 31 ans, originaire du Nord, s’adapte aux saisons et à leurs humeurs fluctuantes. « En ce moment, on redoute les printemps précoces, entrecoupés de périodes de gel. On doit observer attentivement la floraison des arbres. Et il faut réguler la production. En moyenne, elle est de 25 tonnes de pommes par hectare, ce qui en fait 150 à commercialiser. Nous avons une taille intermédiaire et cela nous permet de tout faire manuellement et de se concentrer intégralement sur le local ». Si l’exploitation suit désormais un protocole bien rôdé, le couple n’est pas pour autant sur un pied d’égalité aux yeux des interlocuteurs. « Nous travaillons sous nos deux noms et sur une facture ou une demande de subvention, le mien va disparaître au profit de celui de mon mari, même si je l’ai signé. Certains clients s’adressent à moi certes, mais ils se dirigeront plus facilement vers mon époux. Je dois composer avec cette réalité. »
Pourtant, l’histoire le prouve. « Les femmes ont toujours été là. Elles ont été rendues invisibles, sans statut. Elles géraient néanmoins la comptabilité, le commerce, le soin aux animaux. Aujourd’hui, ce n’est pas plus compliqué de conduire un tracteur que de vendre un produit ». Pour faire progresser les mentalités, Anaïs a rejoint "Femmes en agriculture", un groupe d’agricultrices mis en place en 2023 par les Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) normands. « Nous avons toutes des productions et des fonctionnements différents, mais nous sommes toutes confrontées un jour ou l’autre à des réflexions sexistes. » Le collectif se réunit régulièrement pour travailler sur des thématiques aussi diverses que la place des femmes, la communication et l’organisation du travail. En cette année 2024, il prévoit un programme fait d’ateliers bricolage participatif, de formation à l’autodéfense verbale et à des réflexions pour mieux allier vie privée et vie professionnelle. « Changer les choses, c’est une grande question. Il faut se battre pour être visible », conclut Anaïs.
A 70 kilomètres au nord-ouest de là, et plus précisément à Manneville-la-Goupil, près du Havre, Astrid Le Rolland (en photo ci-dessus) et son mari Pierre tiennent depuis 2013 la ferme de la Hulotte. Cette exploitation familiale de huit hectares produit dans le respect de l’agriculture biologique plus de quarante variétés différentes de légumes tout en offrant le gîte à 350 poules pondeuses. « Toute notre production est commercialisée sur la pointe du Havre. Nous fournissons le réseau des Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap), qui représente 80 % de nos ventes, notamment via les Amap du Panier Cauchois et du Perrey. Nous travaillons aussi avec d’autres circuits de vente directe. » Point commun avec sa collègue Anaïs, Astrid met en avant la complémentarité avec son mari, garante de bons résultats. « Je lui laisse la gestion, le planning de production et la technique spécialisée. Moi, je vais me pencher sur la préparation des commandes et l’administratif. »
Son approche féminine de l’agriculture, Astrid la voit sous le prisme de la polyvalence. « Être femme et agricultrice, c’est avoir une pluralité de missions au quotidien, aussi bien sur le plan professionnel que privé, en tant que mère au foyer par exemple. Par rapport au métier, en tant que chef d’exploitation, il faut aussi pouvoir se positionner comme décisionnaire dans un univers à prédominance masculine. C’est un art de trouver le bon équilibre. » Quant à savoir si les femmes travaillent de la même façon que les hommes... « Je crois que les femmes ont une capacité plus importante à anticiper et à s’adapter à toutes sortes de compétences professionnelles sans être spécialisées dans un domaine précis. Elles peuvent être caméléons et touche-à-tout. »
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Astrid n’a pas souffert d’être une femme dans le milieu agricole. « On ne m’a jamais posé la question "où est le patron ?" mais j’aurais aimé qu’on me la pose. En général, les interlocuteurs comprennent que je suis avec mon mari sur un pied d’égalité. Sûrement car je suis très présente sur le site et que je rencontre tous les acteurs ». Ce respect ne l’a pas empêchée d’entrer, comme Anaïs, dans le groupe "Femmes en agriculture" du Civam. « On a commencé avec des réunions pour échanger sur nos positions de femmes dans l’agriculture. On a aussi eu des formations avec des ateliers. Nos réflexions vont se poursuivre, je vais d’ailleurs accueillir le groupe dans ma ferme au mois d’avril. »
Retrouvez sur le site Panier 76 les informations liées aux exploitations d'Anaïs Ferrand-Milet (les Vergers du Ronceray) et d'Astrid Le Rolland (la ferme de la Hulotte).