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Label patrimoine rural d'intérêt départemental

Riche d'un patrimoine historique et culturel varié, le Département valorise son patrimoine rural comme élément majeur de l'identité locale en développant un label “patrimoine rural d’intérêt départemental”.

Valorisation du patrimoine

Le patrimoine rural recouvre des réalités diverses : des édifices ou ensembles bâtis témoignant d’usage traditionnel (lavoirs, puits, halles, source miraculeuse, …), artisanal et industriel (chemin de halage, moulin, phare, …) ou agricole (colombier, four à pain, ...), aux monuments commémoratifs, ou liés à un évènement ou à un personnage historique (bunker, maisons d’écrivains, …).

Ce label est une alternative permettant de distinguer un patrimoine ayant un intérêt pour le Département d’un point de vue architectural, historique, artistique, scientifique ou traditionnel et de lui donner une visibilité accrue.

Le label apparaît alors comme un outil de mise en réseau et de valorisation d’un patrimoine méconnu, néanmoins complémentaire aux éléments majeurs du patrimoine sur lesquels se concentrent les enjeux touristiques et formant l’identité de notre territoire.

Initiatives locales

La remise du label permet d’encourager les initiatives locales tout en intensifiant le lien entre l’habitant et son patrimoine : ce dernier devient facteur de cohésion territoriale et support de développement.

En s’intéressant à des édifices, des ensembles bâtis ou des constructions témoignant d’usage traditionnel dont la valeur patrimoniale présente un intérêt départemental, le Département souhaite attirer l’attention sur un patrimoine collectif.

Appel à projet

Les trois premières éditions ont permis de mettre à l’honneur 18 biens concernant un patrimoine commémoratif, architectural (religieux et civil) et vernaculaire situés dans une fourchette chronologique entre le 16e et le début du 20e siècle.

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Label Patrimoine rural
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Patrimoine commémoratif
Patrimoine industriel / artisanal
Patrimoine religieux
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Alvimare (2020)
Les croix des Blanques

76640 Alvimare
https://www.alvimare.fr/

Les croix des Blanques © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon

Le domaine de Blanques se trouvait dans le village-rue d’Alvimare, créé aux marges du terroir de Cléville. Cette appellation, aujourd’hui topographique, est encore présente, permettant de nommer et d’identifier une chapelle et des croix de chemin. Elle provient probablement de la déformation du nom du seigneur local, Bellengel ou Bennengel.

Cette terre de Blanques était un plein fief de haubert, relevant directement du roi, et s'étendant sur les paroisses d'Aliquerville, de Cléville et de Foucart. La puissance de cette famille s’appuie notamment sur une motte féodale encore visible sur le domaine actuel, à proximité d’une maison forte aujourd’hui associée à la chapelle des Blanques.


Plan de cadastre napoléonien, 1809, ADSM 3 P 3 – 13 © Département de la Seine-Maritime

Cette dernière, dédiée à sainte Barbe puis à sainte Anne, est édifiée en 1518 par Marie de Mauny. Le domaine passe à la famille Poullain de la Choltière en 1537 et plus d’un siècle plus tard, Hélène Poullain agrandit cette chapelle en construisant le narthex : elle fait placer une épitaphe dans le chœur retraçant la généalogie des seigneurs de Blanques… La chapelle, propriété privée, est classée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 27 décembre 1974.

La chapelle des Blanques, devant une butte identifiée comme la motte féodale du Seigneur Bellengel. © Département de la Seine-Maritime

La chapelle des Blanques par l’abbé Paul Aubry, ADSM 6 Fi 96. © Département de la Seine-Maritime

Elle se compose d’une nef au chevet à pans coupés, complétée un siècle plus tard par un narthex soutenant un petit clocher d’ardoises à « tinterelle » (petite cloche), datée de 1667 et portant les initiales du fondeur Jean Buret. L’ensemble garde une belle cohérence architecturale, construit sur un soubassement en pierre avec une élévation en pans de bois et une voûte en carène de bateau renversé.

Identifiées sur le même domaine seigneurial et situées sur une route entre Alvimare et Ecretteville-lès-Baons, deux croix, dites croix des Blanques, se font face.


Les croix des Blanques, ADSM 6 Fi 10 359 © Département de la Seine-Maritime

La croix la plus haute et la plus ancienne est classée au titre des Monuments historiques depuis 1913 et directement bordée par la route d’un côté et un champ de l’autre.

   

Arrêté de classement de la croix la plus haute. © Département de la Seine-Maritime

Son socle de section triangulaire, en maçonnerie de pierre de moyen appareil, est mouluré aux angles et arasé sur la partie supérieure. Il repose sur des emmarchements présentant une allure effilée. Le fut se développe ensuite sur une grande hauteur, l’ensemble mesurant près de 9 mètres. Il est coiffé d’une croix en pierre fleuronnée. Si le socle est daté du 15e siècle, la croix terminale qui avait disparu a été remplacée au 19e siècle. La croix est orientée : le croisillon présente un Christ regardant l’ouest, le passant le regardant à son tour tourne les yeux vers l’est…

    

Détails de la croix la plus haute et la plus ancienne : base triangulaire, croix sommitale. © Département de la Seine-Maritime

Les architectes et les historiens se sont interrogés sur ce socle massif et travaillé : s’agit-il du remploi d’un élément architectural non identifié ? Pour quelles raisons a-t-il été arasé ? pour le moment, aucun indice ne permet de trancher.

De l’autre côté de la route, la croix la plus petite, non protégée au titre des monuments historiques, est en retrait, au sein d’une parcelle agricole. De facture plus modeste, elle présente deux marches de section quadrangulaire et une croix monolithe de section hexagonale. Si l’abbé Cochet écrit qu’elle est « moderne », elle pourrait être datée du 18e ou du début du 19e siècle.


La croix la plus « modeste » et son environnement. © Département de la Seine-Maritime

D’après Cochet, sans qu’aucune source ne l’atteste, une première restauration aurait été réalisée par le baron d’Alvimare en 1842. Si la grande croix appartient à la commune, la plus petite est située sur les terres labourables d’un agriculteur qui, dans les années 1960, souhaitait la céder à la commune, dans l’espoir qu’elle soit déplacée près de l’église. Mais c’est bien le dialogue et la symétrie entre ces deux croix qui en font leur intérêt patrimonial. Et malgré l’accord donné par le préfet, le conseil municipal refuse le déplacement.

La croix des Blanques en 1840, dessin de Lesage, publié dans Les manuscrits de Louis-François LESAGE (1762-1851) sur Caudebec et ses environs par Bruno PENNA. ADSM 944.25 PEN M

Une restauration est menée par la commune en 1977, puis quarante ans plus tard, complétée par la création d’un aménagement paysager.

Deux croix qui se font face restent un mystère. Qui dit mystère, dit légende.

La plus connue est rapportée par A. Guilmeth (1838), qui affirme que ces croix auraient été érigées par la fille du seigneur des Blanques, une certaine Jehanne de Bellengues, « d’une beauté ensorcelante ». Courtisée à la fois par le seigneur d’Auzouville et par celui d’Auberbosc, elle refuse de choisir et les deux chevaliers se battent « en un furieux duel » jusqu’à y laisser tous les deux la vie. La plus grande croix serait en mémoire du sieur d’Auzouville, que la belle préférait en secret et l’autre à celle de son rival. 

Une autre légende rapporte cette fois que ces croix auraient été dressées à la mémoire d’un soldat français et d’un soldat anglais, morts face à face pendant la guerre de Cent Ans. La plus haute croix serait à la mémoire du Français…

Mais plus vraisemblablement, ces croix indiqueraient les limites de deux paroisses ou de deux seigneuries, probablement entre les domaines de Cléville et celui de Blanques, dont la rivalité semble attestée dans les sources archivistiques.

Ces croix marquent un carrefour qui n’existe plus aujourd’hui, entre la route communale partant du centre bourg d’Alvimare vers le lieu-dit des Blanques et le chemin de Caudebec à Fauville, visible sur le cadastre napoléonien de 1809.

 

Version anglaise 

https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Alvimare(2).pdf

Auzouville-sur-Ry (2019)
Puits fermé
chemin de la côté
76116 Auzouville-sur-Ry


Le puits fermé, vue sur la manivelle avec cliquet anti-retour © Département de la Seine-Maritime

Situé au centre du village, près de l’église et de la mairie, ce puits fermé et couvert est typique du 19e siècle dans son architecture. Acquis par la mairie en 2008, il était initialement inclus dans l’herbage d’une exploitation agricole qui appartenait aux dépendances du manoir seigneurial, aujourd’hui disparu.
 
Le plan d’arpentage de la paroisse d’Auzouville-sur-Ry, dressé en 1750, porte déjà trace de ce puits, situé au sud de l’église. En effet, cette dernière et le presbytère sont édifiés sur des parcelles enclavées dans les terres du Sieur Louis Léonor Pierre Lecarpentier, seigneur d’Auzouville et du Rotoir et conseiller au Parlement de Normandie. La Seigneurie d’Auzouville-sur-Ry est un demi-fief de haubert de création ancienne, relevant de la baronnie et de la haute justice de Périers-sur-Andelle.
 
Sur les différents plans d’arpentage et les terriers associés, conservés aux archives départementales, sont élevés, non loin du manoir et de ses jardins à la française, des bâtiments de ferme à usage d’habitation, des granges et écuries, un colombier... Les parcelles sont plantées de vergers, haies vives et portent une mare.
Initialement la mare seule subvenait aux besoins des hommes et des animaux. C’est au cours du 18e siècle, que le puits, permettant l’exploitation gratuite d’une nappe d’eau souterraine, devient l’élément central de la ferme voire du village. Aucun document ne permet de dire quand le puits d’Auzouville a été creusé.
 
Dans le premier quart du 19e siècle, un bâtiment figure sur le cadastre napoléonien à l’emplacement du puits. Que peut-on en déduire ? Le puits aurait-il été fermé ? Intégré dans le bâtiment ? Ou tout simplement oublié par l’arpenteur ? Nul ne peut l’affirmer en l’état des recherches.
Néanmoins, il réapparaît sur le cadastre de 1934. De mémoire d’habitants, le puits était encore en usage dans les années 1960, jusqu’à la mise en place du réseau de distribution de l’eau courante, désormais payante.

 
Plan et arpentage de la paroisse d’Auzouville-sur-Ry, dépendante de la baronnie de Périers-sur-Andelle, fait et dressé par le sieur Poulain (arpenteur des forêts du roi) en 1750 (ADSM terriers 128 et 12 Fi 78) © Département de la Seine-Maritime
 
Le puits d’Auzouville est un puits fermé et couvert, d’une profondeur d’environ 60 mètres, dont le puisage et la réception de l’eau se font par l’extérieur. Le mécanisme mis à l’œuvre ici ainsi que son architecture sont propres au 19e siècle : le puits d’origine avait probablement une autre forme plus classique, peut-être une simple margelle.
 
Tombé en désuétude après l’adduction de l’eau courante dans la 2nde moitié du 20e siècle, le puits s’est lentement dégradé jusqu’à son rachat par la commune en 2007. Une restauration a dû être menée entre 2009 et 2012 par des bénévoles : débroussaillage, reprise de la maçonnerie en ruine, rejointoiement des briques et remise en fonctionnement du dispositif de puisage.

  
Le puits avant sa restauration © Municipalité d’Auzouville-sur-Ry
 
La reconstruction des élévations s’est faite dans un souci de respect de l’existant avec des matériaux présents sur place, ou des matériaux de récupération anciens et de même nature. La charpente a été dimensionnée et dessinée en fonction d’anciennes photographies sur lesquelles elle était encore existante.


Pose de la nouvelle charpente, vers 2012 © Municipalité d’Auzouville-sur-Ry


Charpente vue de l’intérieur © Département de la Seine-Maritime
 
Le puits est creusé directement dans la craie puis constitué sur une hauteur de 5 mètres d’une maçonnerie en silex. La structure en élévation est construite en briques. De forme octogonale, il est percé de 8 arcs plein cintre, dont 6 semi-ouverts, et 2 portes à claire-voie en bois qui se font face. La toiture à 8 pans est en ardoise sur une charpente à coyaux.
De part et d’autre du bâtiment, une manivelle permet d’actionner le dispositif et un robinet de recueillir l’eau puisée.
 
Le mécanisme de puisage se compose donc à l’extérieur d’une manivelle munie d’un cliquet anti-retour permettant d’actionner, à l’intérieur, un système d’engrenages reliés à un axe sur lequel est fixée une poulie. Autour de cette dernière, deux seaux à anse métallique moulurée pendent de chaque côté à une chaîne.
 

Vue du mécanisme depuis l’intérieur : engrenage, poulie, anse d’un seau et réservoir © Département de la Seine-Maritime


Manivelle avec cliquet anti-retour  © Département de la Seine-Maritime
 
En tournant la manivelle, on fait monter un des deux seaux rempli d’eau alors que l’autre, vide, descend au fond du puits. Sur le réservoir d’une capacité d’environ 120 litres, des crochets permettent de harponner le seau plein lors de sa remontée et de s’y vider. L’eau recueillie s’écoule alors vers l’extérieur par le robinet de vidange. Au même moment, le seau vide est descendu au fond du puits. Il suffit de débloquer le cliquet anti-retour situé à côté de la manivelle pour inverser le sens de rotation : on obtient un volume d’eau important plus rapidement !
 
Le puits a été mis en sécurité par un caillebotis métallique à l’intérieur : si le système de puisage fonctionne toujours, il n’est plus activé aujourd’hui.
La nouvelle charpente, la couverture en ardoise, les portes en chêne et le nouveau réservoir en zinc ont été réalisés par des artisans locaux.
 
D’autres puits sont conservés dans le secteur, mais aucun ne présentent les mêmes caractéristiques. Ils sont fermés par une charpente à claire-voie, couverts d’un toit d’ardoises, chaume ou tuiles. Le système de puisage semble plus simple, permettant de remonter un seau, à la force des bras ou avec l’aide d’un cheval. La singularité du puits d’Auzouville est donc évidente !



Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/files/Anglais%20notice%20AuzouvilleSurRy.pdf

Cuy-Saint-Fiacre (2021)
Monument aux morts
rue Roger-Cressent
76220 Cuy-Saint-Fiacre

Vue générale de face, 2021 © Département de la Seine-Maritime
 
Après la Première Guerre mondiale, chaque commune élève un monument aux morts en souvenir de ses hommes morts au combat : tantôt des œuvres de séries proposées par des fondeurs ou des marbriers, vendues sur catalogue, tantôt des commandes auprès de sculpteurs plus ou moins réputés.
François Pompon, aujourd’hui célèbre pour ses sculptures animalières, réalise ici le seul monument aux morts de son Œuvre.
 
François Pompon, bourguignon d’origine, fréquente des écoles de sculpture à Dijon d’abord, puis à Paris. Il se met au service d’artistes illustres, comme Falguière, Rodin puis René de Saint-Marceaux. Ce dernier vit une partie de l’année à Cuy-Saint-Fiacre, avec son épouse, Marguerite Jourdain, veuve du peintre Eugène Baugnies (dont elle a eu trois fils, adoptés plus tard par Saint-Marceaux).
Devenu le « praticien » ou assistant de René de Saint-Marceaux, François Pompon et sa femme louent une maison dans la commune dès 1896. Le village et ses alentours deviennent un lieu d’inspiration : animaux domestiques, chapelle de Beuvreuil, calvaire du village apparaissent dans ces croquis… avant de se spécialiser dans la sculpture animalière.
 
Sur proposition de Georges Baugnies, maire, le conseil municipal sollicite l’artiste, dès 1919, pour réaliser le monument aux morts de la commune. Ce dernier connaît une passe difficile dans sa carrière.
Pompon avait d’ailleurs postulé pour réaliser le monument aux morts de son village natal, Saulieu, mais n’a pas été retenu. Ce monument, le seul qu’il dessinera et sculptera, est donc un unicum dans son œuvre.
 
Une première étude avec devis est soumise au conseil municipal qui s’accorde pour dire que le projet « manque d’envergure » et demande à l’artiste de le revoir : la modification requise concerne essentiellement les dimensions de l’ensemble qui devrait atteindre 2 mètres de haut. Le 24 avril 1920, le maire, Henri Labonde, présente le projet modifié mesurant « dans son ensemble compris les marches 2,20 mètres de hauteur totale, 1,72 mètres de largeur et 1,04 mètres d’épaisseur… le tout pour une somme de 6950 Francs… ». Le nouveau projet plus onéreux oblige la municipalité à négocier de nouveaux subsides auprès de la préfecture pour compléter la souscription et le reste à payer à la charge de la commune.

Projet de monument aux morts pour Cuy-Saint-Fiacre, dessin, encre sur calque, François Pompon, 1921, détail © ADSM 2 O 560
 

Maquette du monument aux morts de Cuy-Saint-Fiacre © Musée d’Orsay RMN
 
Avant même que le budget ne soit réuni, le sculpteur se met au travail et sculpte l’œuvre sur place, dans le cimetière, au nord de l’église, face à la mairie-école.
Le monument, réalisé pour une somme totale de 7527 Francs, est inauguré le 25 septembre 1921 en présence de l’artiste, endeuillé par le décès récent de son épouse.

François Pompon lors de l’inauguration, 1921, © collection privée
 
Le monument aux morts est taillé dans une pierre extraite à Euville dans la Meuse, un calcaire à entroques, utilisé notamment dans la construction du Paris haussmannien.
La stèle taillée dans un seul bloc est composée d’une grande croix latine portant les noms des victimes sur la branche verticale. Derrière, flotte un drapeau régimentaire. Elle est surmontée d’un casque, sur lequel sont posés une palme et un coq gaulois aux ailes ouvertes. Une branche de chêne complète l’ensemble. L’œuvre illustre une double symbolique, patriotique et chrétienne.
 
Quatre obus étaient à l’origine placés par paire sur le socle, légèrement en retrait, avec à l’arrière des ifs séparant le transept nord de l’église et le monument. Les obus entourent désormais la stèle, reliés par une chaîne, et une haie de jeunes ifs forment un rideau végétal sur l’arrière.

Vue d’ensemble du monument © Eric Lemouton – Inventaire général 1988
 
L’artiste a signé la sculpture à l’ouest.
Au dos, une inscription gravée contextualise la réalisation : le 25 septembre 1921 / ce monument dont la / souscription publique fut ouverte / le 28 septembre 1919 par / Georges Baugnies maire / a été inauguré par / Henri Labonde maire / et son conseil / l’abbé Prévost curé de Cuy / et béni par l’abbé Savoye / chanoine de Rouen.
Inscription au dos du monument © Département de la Seine-Maritime
 
Sur le socle sont placées deux palmes et une couronne de laurier, réalisées pour les deux premières par Jean Rabiant et pour la dernière par l’entreprise Rombaux-Roland, marbrier sculpteur, le modèle figurant à son catalogue.
 
Le traitement de la sculpture et son implantation témoigne du sens de l’éclairage de l’artiste : le monument s’anime différemment en fonction de la saison (et de la hauteur du soleil dans le ciel) ainsi que de l’heure de la journée.
Les trois faces du monument : un travail d’ombres subtil, © Les Amis de l’Ours
 
L’artiste a également réalisé pour la commune un coq de clocher. Un album de dessins préparatoires conservé au département des arts graphiques du Louvre atteste qu’il s’agit d’une production de l’artiste.
Fidèle à son amitié pour les Saint-Marceaux, Pompon achève leur tombeau, dans le cimetière de la commune. Les gisants représentent René, ciseaux à la main et son épouse, Marguerite, tenant un rouleau musical. Le fronton présente un personnage aux traits tirés, de profil, tendant la main vers deux autres personnages, probablement une allégorie de la mort attirant les deux époux.
 

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Cuy-Saint-Fiacre(1).docx
Douvrend (2022)
L'église Sainte-Marie-Madeleine et ses décors peints
488 rue de la chaussée
76 630 Douvrend


Vue aérienne depuis le sud-ouest, avant les travaux, 2019 © commune de Douvrend

Situé dans la vallée de l’Eaulne, Douvrend est édifié sur le passage de la voie antique qui menait de Dieppe à Beauvais, appelée Chemin de César et Chemin des Romains. De nombreux vestiges préhistoriques et gallo-romains ont été mis à jour tout au long du 19e siècle. Le territoire bénéficie donc d’une présence humaine ancienne.
L’occupation du site perdure à l’époque. En témoigne une importante nécropole découverte en 1838, au lieu-dit Le Camp de l’Arbre, où près de 200 squelettes avec des armures et un mobilier funéraire varié ont été exhumé.
 

Fibules découvertes à Douvrend en 1865, dessin à la plume et au lavis, ADSM 6 Fi 10/136 et 6 Fi 7/06
 
Les sources archivistiques et bibliographiques prennent le relais pour les périodes suivantes et attestent notamment que le roi saint Louis cède en 1261 le patronage de Douvrend et de Humesnil à son conseiller Eudes Rigaud, archevêque de Rouen.
 
C’est à cette époque que l’église est construite.
Détruite pendant la Guerre de Cent ans, elle est remaniée au 16e siècle sur un plan en croix latine, en conservant les transepts, seuls vestiges du 13e siècle. Les arcades du clocher sont reprises, des chapelles latérales sont ajoutées au chœur. Les remaniements sont tels qu’une nouvelle consécration de l’église à sainte Marie-Madeleine est célébrée le 14 mai 1529 par Nicolas de Coquinvilliers, archevêque de Rouen.

 
Plaque de consécration, chœur nord, classée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 20 octobre 1913 © commune de Douvrend
 
Au sud du chœur, l’ancienne chapelle Sainte-Catherine, aujourd’hui chapelle de la Vierge, est bâtie en 1639 par la famille Le Sénéchal. Au nord, la chapelle Saint-Antoine, édifiée en 1652, est devenue l’actuelle sacristie. Ces chapelles étaient alors fermées avec des balustrades, abattues en 1724 par l’abbé Joly, curé de la paroisse « parce qu’elles empêchaient les paroissiens de voir les saints mystères ».
À la fin du 17e siècle, un incendie détruit intégralement la flèche et les combles de la nef. En 1722, la tour carrée maçonnée du clocher est en partie reprise et cinquante ans plus tard, le portail ouest est construit par le maître-maçon Legrand. Et à la fin du 19e siècle, la nef est à son tour restaurée.
 
Cet édifice porte la trace de ces remaniements successifs : son hétérogénéité extérieure est compensée par l’homogénéité de l’intérieur et de la richesse de ses décors.
L’église est connue pour ces peintures murales repérées dès le 19e siècle par l’abbé Cochet, dont le témoignage nous indique que l’ensemble de ses voûtes étaient couvertes de peintures. En effet, dans son ouvrage Les églises de l’arrondissement de Dieppe, l’abbé Cochet nous indique que « la nef est couverte dans toute son étendue, par un plafond en bois, divisé par petits carrés, offrant sur un fond bleu semé d’étoiles soit les monogrammes de Jésus et de Marie, soit des anges tenant dans leurs mains des banderolles chargées de devises latines en l’honneur de la sainte Vierge ». En 1881, cette voûte est remplacée par une voûte en plâtre, mise en œuvre par Victor Saint-Martin, entrepreneur à Dieppe, et ornée d’un faux-appareillage.
 
Aujourd’hui, les peintures monumentales sur les voûtes de la croisée du transept et du chœur, ont été restaurées et proposent un décor peint remarquable, autour du thème de la Cour céleste. Apparu dans la tradition textuelle dès le 3e siècle, ce thème apparaît dans l’iconographie occidentale au 9e siècle. Elle devient l’expression privilégiée du paradis dans l’art chrétien aux 14e et 15e siècles.
 
La croisée du transept est couverte d’une voûte nervurée en moellons peinte et représentant la Toussaint. Sur le voûtain Est, la Trinité (dont la colombe représentant le Saint-Esprit a disparu) et la Vierge Marie sont entourées de saint Pierre et des Apôtres à gauche, et, de saints martyrs tenant une palme à droite. Sur le voutain Ouest, des personnages féminins, dont sainte Catherine d’Alexandrie (avec son attribut, la roue) et sur le voutain Nord, des personnages masculins, dont saint Laurent (avec son attribut le gril), participent de cette représentation collective des saints. Sur le voutain sud, ce sont les Pères de l’église qui apparaissent coiffés de tiares (réservées aux papes). L’un des principes de la restauration est de restituer dans le dernier état connu, assuré par des sources archivistiques ou iconographiques : ici leur trop mauvais état de conservation ne peut permettre une restitution complète.

 
Vue générale de la voûte peinte de la croisée du transept, représentant la Toussaint, 2019 © Commune de Douvrend
 
Les peintures du tympan sur le pignon ouest du chœur porte le Jugement dernier. Dans une double arcature cintrée, sont représentés en pied saint Pierre, gardien des clés du ciel, et saint Paul, exemple de conversion au christianisme.

    
Avant / après restauration, 2019-2022 © Esther Albendea / commune de Douvrend
 
Les 87 m2 de la voûte lambrissée du chœur sont ornés, sur un fond bleu étoilé, d’anges alternant avec les monogrammes du Christ et de la Vierge. Selon Thomas d’Aquin, la hiérarchie céleste classe les créatures angéliques en 9 catégories, de l’ancien au nouveau Testament, regroupées en 3 degrés.
 
   
Avant / après restauration, 2019-2022 © Esther Albendea – Ateliers Giordani / Commune de Douvrend
 
Les anges représentés ici correspondent au premier degré, et ont le privilège de servir Dieu directement :
- Les Séraphins, personnifiant l’Amour, sont représentés avec 3 paires d’ailes ;
- Les Chérubins, personnifiant la Science, comme des anges avec 2 ailes ;
- Les Trônes, personnifiant l’Humilité et la Justice, comme des anges ailés en pied, portant les attributs de la Passion du Christ.
 

Les trois anges du premier degré de la hiérarchie céleste, 2019 © Esther Albendea
 
L’ensemble de ces peintures, sur bois ou sur pierre, sont réalisées à main levée sans dessins préparatoires. Cette voûte a probablement connu plusieurs campagnes de montage et de mise en couleur. Néanmoins, les similitudes stylistiques avec la voûte peinte de l’église de Muchedent, située à vingt kilomètres de là, laissent à penser qu’elles datent de la 2nde moitié du 17e siècle.
 
Cette voûte lambrissée et la peinture murale du tympan (Jugement dernier) sont inscrites au titre des Monuments historiques.
L’édifice conserve des objets intéressants, également protégés au titre des Monuments historiques, parmi lesquels des représentations de Marie-Madeleine (statue du 16e siècle, peinture sur toile du 18e siècle) à laquelle l’église est vouée. Des aménagements intérieurs ont été réalisés au 18e siècle, notamment les boiseries et les stalles du chœur, réalisées par François-Adrien Buzot, menuisier.
 
L’église de Douvrend vous invite à redécouvrir son patrimoine, et à venir apprécier le talent des restaurateurs du XXIème siècle et ce savoir-faire qui a permis de redonner tout son éclat à sa voûte céleste.

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Douvrend_EN(1).pdf
Gonzeville (2020)
L'Ecole d'autrefois
rue du calvaire
76560 Gonzeville
https://www.plateaudecaux.fr/tourisme/visiter/gonzeville-un-village-typique-du-pays-de-caux/

© Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon

Plusieurs lois votées au cours du 19e siècle  imposent aux communes d’entretenir une école primaire[1] ainsi qu’un hôtel de ville[2], tout en pourvoyant aux dépenses relatives à l’instruction publique, l’enseignement primaire étant obligatoire depuis la loi Ferry de 1881.

Dans ce contexte, la commune de Gonzeville, qui compte près de 400 habitants au milieu du 19e siècle, possède deux écoles, l’une installée dans une maison presbytérale, l’autre communale, dans un bâtiment en torchis et ossature de bois.

En effet, la commune décide d’édifier une « maison d’école » dès 1854 : un décret ministériel de 1857 « autorise la commune à acquérir de M.Lieury pour 1300 francs une maison avec dépendance pour être appropriée à usage d’école ». Des travaux sont nécessaires pour donner au lieu sa nouvelle fonction.

Plan en élévation et au sol de la maison d’école, 1875, ADSM 1 T 1361. © Département de la Seine-Maritime

Quarante ans plus tard, la commune achète un nouveau terrain, à M. Thoumyre, situé au nord-est de la maison d’école pour y construire une école mixte avec le logement de l’instituteur. Ce terrain de 10 acres planté d’arbres fruitiers doit être aménagé : l’architecte René Martin (1854-1938) propose en 1895 un plan au sol et des élévations de la nouvelle école.

 

Achat d’un terrain au nord-est de la maison d’école, 1895, ADSM 2 O 1027. © Département de la Seine-Maritime

Plan de la nouvelle école mixte avec logement de l’instituteur, par l’architecte René Martin, 1895, ADSM 2 O 1027. © Département de la Seine-Maritime

Peu après, le projet initial se trouve complété par la construction d’une mairie neuve, faisant pendant à la classe. Cela s’inscrit dans le déploiement sur le territoire de la République des mairies-écoles, en ville comme à la campagne. Ces bâtiments communaux varient selon la taille et les moyens de la commune, mais répondent aux mêmes besoins, liés aux responsabilités communales : siège de la mairie, école (filles et garçons) et logement de l’instituteur (souvent secrétaire de mairie).

La nouvelle mairie-école de Gonzeville, qui répond aux besoins édictés dans les textes ministériels, est ouverte en 1901 et la commune poursuit l’achat de fourniture et mobilier scolaire au-delà de cette date.

Il est décidé de transformer une partie des anciens bâtiments ayant alors usage de classe et de logement de l’instituteur en préau couvert pour les filles, en buanderie et en cellier.

L’ancienne maison d’école, reconvertie en préau ouvert. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon

Ce préau abrite encore aujourd’hui plusieurs cartes géographiques peintes sur les murs en torchis, témoignant de son usage passé.

À une carte de l’Europe, dont il ne reste que le cartouche l’identifiant, et à une carte, peu lisible (représentant les cours d’eau ou le découpage administratif de la France), s’ajoute une carte de la Seine-Inférieure.

Toutes sont encadrées d’un liseré de couleur et portent leur titre dans un cartouche bleu.

Carte de la Seine-Inférieure avec son cartouche supérieur. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon

La salle de classe reste en usage jusqu’en 1992, date à laquelle, à cause du nombre décroissant d’élèves, l’école est rattachée à Doudeville.

L’école a été reconstituée avec le mobilier resté en place, complété avec l’objectif de créer un lieu de visite proposant un saut dans le temps, dans une classe des années 1950. L’École d’autrefois, à Gonzeville, est née.

Autour du poêle, sont disposés des bureaux d’élèves à encrier, faisant face au bureau de l’instituteur sur son estrade. Aux murs sont suspendues cartes géographiques et planches d’histoire naturelle. Le matériel pédagogique est rangé dans des armoires en fond de classe.

   

Les bureaux d’élèves autour du poêle et son seau à charbon. Cartes et planches aux murs. © Département de la Seine-Maritime

Les visiteurs sont ramenés à leurs propres souvenirs de scolarité, notamment à l’époque du certificat d’études primaires. D’ailleurs, ils peuvent être mis à l’épreuve d’une dictée ou d’un problème mathématique, à résoudre sans calculatrice et à la plume !!  

     

L’ambiance de classe des années 1950. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon

Avis aux nostalgiques !

Ce village recèle d’autres patrimoines à découvrir : église Saint-Samson, manoirs et belles demeures dans un environnement préservé …

 

[1] Loi sur l’instruction primaire du 28 juin 1833, dite loi Guizot et Loi du 15 mars 1850 relative à l’enseignement, dite loi Falloux.

[2] Loi du 5 avril 1884 relative à l’organisation municipale.

 

Version anglaise

https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Gonzeville.pdf

Hautot-le-Vatois (2022)
La chapelle seigneuriale de l'église Notre-Dame
2 route d'Envronville
76190 Hautot-le-Vatois


Vue intérieure de la chapelle seigneuriale © Département de la Seine-Maritime, 2022

 
Le village d’Hautot-le-Vatois, rattaché à la baronnie de Saint-Wandrille, abrite une église, mentionnée dès 1024 dans les sources archivistiques.
L’église Notre-Dame du Rosaire, de plan simple, présente un appareillage en briques et moellons. Elle ne garde de son aspect primitif que sa tour romane, et ses fonts baptismaux.
 

Vue d’ensemble de l’église, © Département de la Seine-Maritime, 2010
 
Bien que l’église possède un mobilier particulièrement intéressant et protégé au titre des monuments historiques, concentrons-nous sur la chapelle de la Sainte Vierge, située au nord du chœur, et construite de 1632 à 1635.
 
L’abbé Loth, dans son manuscrit donné aux Archives départementales en 1890 (Notions historiques concernant la paroisse et l’église de Hautot-le-Vatois du diocèse de Rouen, ADSM F 29), indique que l’abbaye de Saint-Wandrille cherchait à se créer de nouvelles ressources pour réparer l’église d’Hautot : elle passe alors un bail emphytéotique du fief avec Antoine Deschamps, seigneur du lieu et avocat au Parlement de Normandie.
Les moines de Saint-Wandrille, sous l’abbatiat de Ferdinand de Neuville, lui accorde la permission d’édifier une chapelle attenante à l’église, sur son côté nord, pour servir de sépulture à la famille et pour assister aux offices. Selon la tradition locale, cette dernière serait l’illustration de la réconciliation entre l’oncle et le neveu Deschamps.
 
Intégrée dans un cadre sculpté de style Renaissance, la plaque de marbre noir est gravée d’une inscription funéraire, indiquant que la chapelle sert de tombeau à plusieurs générations de seigneurs des familles Deschamps et Boishébert. © commune de Hautot-le-Vatois 
 
L’édification et l’entretien de cette chapelle est à la charge financière du seigneur. Si l’autorisation est donnée pour pratiquer une ouverture dans le mur du chœur, il se voit obligé de couvrir la voûte de lambris et de réserver le chevet de la chapelle à un usage de sacristie. En effet, proche du maître-autel, une porte est percée pour accéder au sanctuaire.
 

Arcade ouvrant la chapelle sur le chœur de l’édifice, © Département de la Seine-Maritime, 2022
 
Cette chapelle de famille, construite entre 1632 et 1635, se présente aujourd’hui comme elle a été pensée. Ouverte sur l’église par deux grandes baies en plein cintre séparées par une colonne, elle est coiffée d’une voute lambrissée peinte.
Des aménagements mobiliers ont eu lieu au 19e siècle, où le maître-autel, situé initialement dans le chœur de l’église, y est déplacé dans la chapelle.
 

Ancien maitre-autel, daté du 17e siècle, abritant un tableau représentant une Annonciation, de l’école des Restout et Jouvenet. Tableaux et retable restaurés en 2011. © Département de la Seine-Maritime, 2022
 
À l’arrière de cet autel, se cache un bas-relief, la Déploration sur le corps du Christ, copie en terre cuite d’une œuvre de Germain Pilon, datant de la fin du 16e siècle. Cette réplique en plâtre polychrome est encadrée de deux anges adorateurs qui viennent compléter la scène originale, dans un encadrement à fronton brisé. Elle est inscrite à l’inventaire au titre des Monuments Historiques en mai 1988.
 

Vue du bas-relief de l’église, desservi par un badigeonnage de couleurs naïves © Département de la Seine-Maritime, 2022
 

L’église et sa chapelle est repérée par l’abbé Cochet, dans son ouvrage Les églises de l’arrondissement d’Yvetot (1852) : « … la merveille de cette église, c’est la chapelle de la sainte Vierge, construite au côté septentrional du chœur. Nous ne craignons pas de dire que, toute flétrie, toute fanée, toute mutilée qu’elle est, elle n’en reste pas moins, pour un vrai connaisseur, une des plus jolies chapelles de l’arrondissement d’Yvetot et un vrai chef-d’œuvre du règne de Louis XIII ».
La chapelle n’est plus ni flétrie, ni fanée, ni mutilée. La commune, consciente de son intérêt patrimonial, a engagé sa restauration en 2009, apportant une attention particulière à la voute lambrissée, au retable et aux vitraux classés au titre des Monuments Historiques.
« Le berceau est composé avec un feuillet très fin, parfaitement combiné. Une peinture appliquée sur ce parquet, reproduit une série d’emblèmes relatifs à la sainte Vierge. Immédiatement au-dessous de cette boiserie s’étend une élégante bordure fleuronnée », décrivait l’abbé Cochet.
En effet, l’ensemble de la voûte présente un décor peint avec alternance de trois motifs répétitifs (têtes d’ange, monogramme du Christ IHS dans un soleil rayonnant, ciboire avec hostie) et d’une frise dentelée le long des cache-clous. La peinture et les motifs sont réalisés au pochoir ou au poncif[1]. Seules trois fleurs de lys ont été retrouvées sur l’ensemble de la voute : elles ont probablement été frottées à l’époque révolutionnaire.
 
Avant le chantier de restauration (2009-2011), la voute présentait localement un état d’altération important, avec perte de matière et de résistance mécanique (bois fragilisé ou vermoulu) ainsi que des déformations.
À la consolidation et au nettoyage des lambris peints sur place et en atelier, s’est ajoutée la fixation du décor peint et la retouche de la polychromie. Le résultat est surprenant en comparaison avec les photos prises lors de la phase de diagnostic de la voute peinte.
 
  
Avant / après voûte de la chapelle
© Commune de Hautot-le-Vatois, 2009 © Département de la Seine-Maritime, 2022

 
Ce décor peint est contemporain de la construction de la chapelle au même titre que les verrières qui s’y trouvent. Néanmoins, l’ensemble comptant initialement neuf verrières a subi les vicissitudes du temps, déposé pendant la Seconde Guerre mondiale puis reposé en 1953. Seules cinq verrières nous sont parvenues. La verrière fragmentaire qui représente le Saint-Sacrement à travers le partage du pain par deux anges porte la mention Ecce panis angelorum. Elle était placée à l’origine au-dessus du tabernacle, au chevet de la chapelle, où se trouvent désormais des verrières losangées.
 
Cette verrière était entourée de huit anges musiciens ou tenant des encensoirs dont quatre sont conservés. Encadrés de bordures ornées de grotesques et de motifs décoratifs renaissants, les anges jouent de l’orgue, de la viole de gambe et de la harpe, un autre chante sur un livre l’hymne de pange lingua. « Constitués uniquement de grisailles et de camaïeux, les vitraux de la chapelle forment une harmonie de teintes du plus émouvant effet »[2].
Le programme iconographique, les techniques d’exécution mêlant grisaille et émail sur verre, jaune d'argent et sanguine ainsi que le contexte de création, justifient leur classement au titre des Monuments Historiques par arrêté du 19 mai 1937.
 

Verrière représentant le Saint-Sacrement, 17e siècle, © Région Normandie

[1] Poncif : calque à petits trous qui permet de reporter un dessin préparatoire sur une surface à peindre. Le poncif, posé sur la pièce, est tamponné à l’aide d’un petit sachet de toile rempli de poudre de charbon de bois : la poudre pénètre les trous du poncif et reporte le motif sur la pièce à décorer. Ce tracé fantôme sert de guide au peintre pour tracer son décor.
[2] Abbé Cochet, Les églises de l’arrondissement d’Yvetot. 1852

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Hautot-le-Vatois_EN.pdf
 
Les Grandes-Ventes (2021)
3 place de l'hôtel de ville
76950 Les Grandes-Ventes


Vue de la fontaine Garnier de face, © Département de la Seine-Maritime
 
À proximité de l’église, a été édifiée, en 1867, la mairie, dans une architecture ordonnancée et symétrique et coiffée d’un lanternon. Des bâtiments d’habitation complètent l’ensemble, en formant une place en arc de cercle, au centre de laquelle s’élève la citerne Garnier.
 
Dès l’été 1874, dans un contexte de fortes chaleurs, la municipalité s’émeut de la difficulté des villageois de se prémunir face à la sécheresse : de fait, le village est éloigné de 5 à 6 kilomètres du point d’eau le plus proche. Elle sollicite donc le préfet de Département pour une aide financière utile à la construction d’une citerne accessible à tous.
 
Pour une raison inconnue, le projet prend du retard. Il faut attendre quinze ans pour que le maire et conseiller général, M. Burel-Tranchard, réitère auprès du préfet son souhait de construire un réservoir communal.  
Ce souhait est corrélé à un legs conséquent de Mademoiselle Joséphine Garnier, sœur du médecin du village. À son décès, en 1888, la somme de 8000 Francs revient à la commune pour, entre autres choses, « faire établir une grande citerne ou fontaine ou puits avec le nom de Garnier ».
 
Legs de Joséphine Garnier, octobre 1888, extrait du registre des délibérations municipales, Archives communales
 
Suite à l’arrêté préfectoral autorisant la commune a accepté le legs et ses conditions, le conseil municipal délibère et vote le 13 septembre 1889 une somme de 9000 Francs pour les travaux d’établissement d’une citerne ainsi que la demande d’une subvention au Département de 1759 Francs.


Courrier du maire au préfet demandant une subvention pour la construction d’une citerne, 22 septembre 1889, ADSM 2 O 1092
 
C’est l’architecte dieppois Albert Dupont qui est choisi pour concevoir la citerne et son système d’écoulement des eaux, ainsi que pour diriger les travaux.
La citerne se compose d’un grand bassin creusé sous la place, maçonné et étanche, de 12,5 mètres de long sur 5 mètres de large. Le bassin est coiffé d’une voute de 3 mètres de haut.
Ce réservoir de près de 180m3 est alimenté par un système de récupération des eaux de pluie provenant des gouttières de la mairie et des bâtiments situés autour de la place : ces dernières rejoignent un réseau souterrain composé d’un système de canalisations agrémenté d’un citerneau, en amont du réservoir, prévu pour le filtrage de l’eau. Un projet avant-gardiste digne des préoccupations éco-responsables de notre époque ! 
                 
Plan de l’architecte Dupont (en élévation, au sol pour la partie extérieure et la cuve souterraine), 2 octobre 1889, ADSM 2 O 1092
 
Le projet est affiné en 1890 et le conseil municipal vote l’élévation d’un monument sur la citerne, qui portera à la fois une pompe permettant le tirage de l’eau et un réverbère.
 
Après publication d’un avis de travaux, quatre entrepreneurs ont postulé par acte de « soumission ». Après examen de chaque dossier, c’est l’offre la moins-disante qui est retenue par le bureau d’adjudication, en séance publique du 25 janvier 1890. Le choix se porte sur l’entrepreneur en maçonnerie Anatole de Saint-Martin, à Dieppe.
 
En 1922, bien qu’aucune fissure ne soit à déplorer, le réservoir ne conserve pas l’eau qu’il recueille : des défauts de dureté dans l’enduit des murs de la citerne sont observés par l’architecte. Dans le cadre de travaux de réfection des bâtiments communaux, un marché de gré à gré avec l’entrepreneur Delaunay, installé sur la commune, permet de réparer la citerne afin d’en assurer à nouveau l’étanchéité. On en profite pour intervenir également sur les tuyaux de fonte qui descendent de la toiture de la mairie au sous-sol et sur le citerneau-filtre.
 

Citerneau de filtrage avec système de canalisation alimentant la citerne centrale, plan de l’architecte R.Dupont, août 1922, ADSM 2 O 1092
 
Plans et cartes postales anciennes révèlent le dessin de la citerne : un bras latéral permet de puiser l’eau et un réverbère d’éclairer la place de la mairie.
Carte postale : citerne avec bras latéral et réverbère sommital, s.d., Archives communales.
 
Par sa position centrale, la citerne Garnier allie utilité et sociabilité. Utile en cas de sécheresse ou d’incendie, elle permet l’approvisionnement en eau de la population du village. Utile également à la tombée du jour, le lampadaire qui la surmonte permet l’éclairage de l’espace publique.
Elle s’inscrit donc pleinement dans un courant de pensée hygiéniste, les pratiques politiques, sociales, architecturales et urbanistiques suivant les règles de préservation de l'hygiène et de la prévention en santé publique.
Cet élément est révélateur de la réflexion d’un maire d’une commune rurale de la fin du 19e siècle et de sa modernité.
 
Ce bien a perduré dans le temps. Toujours en usage, le bassin voûté est accessible par un trou d’homme à l’intérieur de la partie en élévation et visité annuellement pour son entretien. Aujourd’hui, le système de puisage a été électrifié et est toujours utilisé par la municipalité notamment dans l’entretien des espaces verts : preuve de sa modernité, la citerne Garnier s’inscrit désormais dans une démarche de « développement durable ».
 
Une autre citerne similaire à Routot, dans l’Eure, accueille les eaux de pluie : le marché aux bestiaux, fort de son succès, nécessita cet aménagement afin d’abreuver les centaines d’animaux et nettoyer les boues qui encombraient le village et polluaient mares et citernes. Le projet, après moults litiges et 35 ans d’efforts, voit le jour en 1929.
 

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Grandes%20Ventes.docx
Les Trois-Pierres (2021)
Enclos protestant
30 rue des charmilles
76430 Les Trois Pierres

Vue générale, © Département de la Seine-Maritime
 
Le pays de Caux est un lieu d’ancrage pour la Foi protestante. Les Temples de Dieppe, Bolbec, Saint-Antoine-la-Forêt ou encore Luneray en témoignent encore aujourd’hui.
 
Dès que la Réforme a été considérée comme une hérésie par l’Église catholique, la question de l’inhumation des protestants a été soulevée : le statut canonique des cimetières paroissiaux, qui ont reçu une bénédiction, y rend impossible l’inhumation d’un protestant, quel que soit son rang social. Les protestants s’organisent autrement et créent des cimetières spécifiques, souvent situés sans lien avec un lieu de culte.
Suite à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, qui interdit le culte protestant, l’interdiction d’enterrer les morts dans un cimetière est réitérée. Les instructions du conseil du Roi sont claires : « Sa Majesté ne veut pas qu’il y ait d’endroit marqué pour les enterrements de ceux de ladite religion ». Ceux qui refusent de se convertir ensevelissent leurs morts clandestinement, souvent dans un champ appartenant à la famille du décédé. Ainsi naît la tradition des cimetières de famille, quelques tombes dans un jardin, un pré, un espace non cultivé, enclos ou non par des murs.
Il faut attendre l’Édit de tolérance de 1787 pour que l’existence civile des protestants soit reconnue. Il prescrit que les villes et villages devront avoir « un terrain convenable et décent » pour l’inhumation de ceux auxquels la sépulture ecclésiastique est refusée.
 
Le consistoire (organe administratif de l’Église protestante au niveau départemental) s’émeut dans une lettre au préfet de Seine-Inférieure en 1850 que de nombreuses communes du Département ne possède pas de cimetières dédiés ou d’espaces propres à chaque culte et au culte protestant dans les cimetières catholiques.
Il se réfère à l’article 15 du décret du 23 prairial an XII (aujourd’hui abrogé au regard du principe de laïcité) : « Dans les communes où l’on professe à plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier et dans le cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y a de cultes différents avec une entrée particulière pour chacune et en proportionnant cet espace au nombre d’habitants de chaque culte. »
 
Dès 1851, le préfet interroge ses sous-préfets pour un recensement des cimetières protestants sur son territoire. Dans la sous-préfecture du Havre, Les Trois-Pierres comptent un seul cimetière, jugé trop étroit pour les inhumations catholiques et protestantes. On projette d’établir un nouveau lieu de sépulture dédié au culte protestant.
Plusieurs terrains sont étudiés. Celui d’un certain Hardivilliers, qui en ferait don à la commune, ne fait pas l’unanimité, car situé « sur le versant d’une cote abrupte d’environ 19° d’inclinaison plein d’excavation, hors d’état de servir de lieu de sépultures ».

Plan de situation du terrain de M. Hardivilliers (portant le n°1), © ADSM 8 V 12
 
Un autre terrain, appartenant à M. Bertois, attire l’attention.
Un arpenteur est dépêché pour produire une estimation du bien à acquérir.
Le propriétaire ne souhaitant pas vendre, le conseil municipal délibère, le 28 mai 1852, son expropriation pour cause d’utilité publique. S’en suit une enquête auprès des habitants de la commune : les opposants au projet, « alliés » de la famille Bertois, proposent un autre terrain dans un quartier considéré plus central, la Mare au Leu.
Or, le président du consistoire protestant et le conseil municipal s’accordent sur le terrain des Bertois, idéalement proche de la majorité des propriétés protestantes de la commune. La procédure d’expropriation est lancée auprès du ministère de l’intérieur : le 6 septembre 1853 une déclaration de cessibilité est soumise au conseil de préfecture pour qu’il soit statué conformément à l’article 11 de la loi et approuvé par le conseiller d’état chargé de la direction générale de l’administration intérieure en octobre.
Une imposition extraordinaire est lancée auprès des habitants les plus imposés de la commune, pour payer l’indemnité due au couple Bertois et réaliser les travaux de clôture prévus.

Devis estimatif des travaux de clôture du terrain choisi comme lieu de sépulture, © ADSM 8 V 12
Plan de situation du terrain Bertois, © ADSM 8V12

Extrait du cadastre napoléonien, section C parcelle 184, © 3 P 3 – 3434
 
Cet enclos protestant accueille de nouvelles sépultures jusque dans la première moitié du 20e siècle. Seules quelques plaques tombales sont encore visibles, aux noms effacés en grande partie. L’une d’entre elles appartient à Louis Jean LEGER, cultivateur, né à Norville en 1854 et décédé aux Trois-Pierres en 1925.

Exemples de sépultures encore lisibles, © Département de la Seine-Maritime
 
D’autres enclos protestants sont encore actifs, à Mélamare ou à Saint-Antoine-la-Forêt, où des tombes portent un verset biblique et la croix huguenote, comme le souhaite la tradition.
 
Légèrement surélevé de la chaussée, ce terrain est accessible par quelques marches encadrées de piliers en briques. Situé en bord de route, les aménagements récents de la chaussée et les aménagements paysagers alentours réalisés par la commune ont permis de valoriser le site aujourd’hui situé dans un quartier résidentiel. Cela participe à un indispensable travail de mémoire sur la présence protestante dans la pointe de Caux.
 
 
 

Version en anglais
http://https://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Les%20Trois%20Pierres.docx
Mont-Cauvaire (2021)
Ferme Raimbourg
route de Clères
76690 Montcauvaire


Vue aérienne © collection privée, Didier Legrand
 
Situé sur un éperon boisé, entre les vallées du Cailly et de la Clérette, Mont-Cauvaire est installé sur un plateau de terres arables, favorables à la culture. Au centre bourg, la ferme Raimbourg, du nom de son dernier locataire, présente les caractéristiques d’un clos-masure, structure paysagère propre au département de la Seine-Maritime.
 
Ancrée sur le territoire calvimontais, cet ensemble agricole date vraisemblablement du 18e siècle. Il apparaît, pour la première fois, sur le cadastre napoléonien de 1826. Au fil du 19e siècle, la ferme passe de mains en mains :  d’abord propriété d’un certain M. Bailleul, elle est rachetée par M. de Cairon, originaire d’Amblie dans le Calvados, puis par M. Pariset, manufacturier à Fontaine-le-Bourg, puis M. Lemarchand, filateur au Houlme. Les propriétaires, souvent issus de la bourgeoisie urbaine, demeurent en ville ou dans les gros bourgs, parfois proches des fermes qu’ils ont acquises.  
 

Extrait du plan cadastral napoléonien, section C, © ADSM 3 P 3 – 2140
 
Un relevé hypothécaire du 27 septembre 1902 acte la vente de cette ferme entre M. Lemarchand et M. Lerebours, industriel. Aux terres labourables et aux bois taillés représentant 49 hectares, s’ajoute une « ferme consistant en cour-masure édifiée d’une maison d’usage de fermier, jardin clos de murs garni d’espaliers, granges, écuries, étables, bergeries, charreteries et autres bâtiments nécessaires à l’exploitation de la ferme close de fossés plantés d’arbres de haute futaie et planté à l’intérieur d’arbres fruitiers ». La définition fidèle d’un clos-masure !
L’ensemble est acheté pour 60 000 francs, « payés en espèces de monnaie ayant cours et billets de la banque de France comptés et délivrés à la vue des notaires soussignés à Mme Lemarchand qui le reconnait et lui en donne quittance ».
   
Extrait du relevé hypothécaire du 27 septembre 1902, © ADSM 4 Q 4 / 4 / 6973
 
Les différents propriétaires qui se sont succédés ont loué la ferme et ses terres moyennant un fermage annuel, payable en deux termes égaux à Pâques et à la Saint-Michel de chaque année.
 
La famille Raimbourg est locataire du site en tant qu’exploitant agricole dès 1929. Au décès de Monsieur René Raimbourg en 1990, le propriétaire, M. Gorge, met en vente ses terres, provoquant une vive émulation dans le village et une prise de conscience du caractère particulier de ce bien en tant que témoignage d’un patrimoine rural. La commune se porte acquéreur, alors que les bâtiments agricoles sont dans un état de détérioration avancée. Un effort considérable, municipal et bénévole, a permis de réhabiliter le lieu et ses bâtiments.
 
Ce clos-masure s’étend aujourd’hui sur près de 3,5 hectares. Sa cour est plantée d’arbres fruitiers et porte une mare. Il est entouré au nord et à l’ouest d’une haie d’arbres de haut-jet, et au sud d’un mur de briques et silex dont le portail est flanqué de larges piliers témoignant de l’importance que pouvait avoir cette ferme.
Au gré des besoins de ses exploitants, la ferme a évolué : si les bâtiments anciens en bon état, comme le logis, sont conservés, de nouveaux bâtiments en briques ont été édifiés à la fin du 19e siècle. L’un d’eux accueillait les anciennes écuries-étables et le poulailler.
En effet, plusieurs bâtiments agricoles sont dispersés autour de la maison d’habitation, située au centre, face au portail. Sur trois niveaux et couverte d’ardoises, sa façade principale est en briques, probablement plaquée au début du 20e siècle sur les colombages. Les côtés présentent un appareillage en bandes alternant brique et silex, alors que l’arrière du bâtiment est en colombages.
 
Vue sur le portail d’entrée, la maison en arrière-plan, © Département de la Seine-Maritime
 
À proximité immédiate de la maison, un bâtiment circulaire, petit pigeonnier utilisé comme buanderie, porte une charpente sur une croix de Saint-André. En effet, le propriétaire cherche un fermier compétent et à le conserver : outre les conditions du bail lui-même, un logement confortable forme un argument important pour le fidéliser.
 
Pressoir, cellier et grange sont construits en pisé et silex, couverts de toits à deux pans, fortement pentus, en chaume pour deux d’entre eux. Le pressoir couvert porte à l’intérieur les vestiges d’une meule à grains. Le cellier présente des murs de 80 centimètres d’épaisseur et peu d’ouvertures, caractéristiques liées aux besoins de conservation propres de ce bâtiment.
Image manquante
Four à pain en 1990, © collection privée

Four à pain, trente ans plus tard © Département de la Seine-Maritime
 

L’intérieur du four à pain, © Département de la Seine-Maritime
 
Le double-four à pain, isolé des autres bâtiments pour éviter tous risques de propagation du feu par les toitures en chaume, se compose de deux parties solidaires : le fournil, pièce de travail avec une cheminée incorporée et les deux « mottes » du four, chambres de cuisson. Le plus grand permet de cuire une grande quantité de miches, et l’autre, plus petit, des pâtisseries. Au fond de chaque four, on aperçoit à mi-hauteur une pierre à feu, qui a la propriété de changer de couleur à une température avoisinant les 250 degrés, permettant au boulanger de savoir à quel moment il lui fallait enfourner son pain à cuire. Toujours en activité, il est devenu le lieu privilégié des fêtes de la commune, où des démonstrations sont proposées, comme à la saint Fiacre à la fin de l’été.
Image manquante

Démonstration de pain, © collection privée
 
Cet ensemble est à l’image des nombreux clos-masures cauchois, une entité agricole capable d’autonomie, dissociant les espaces par rapport à leur caractère fonctionnel : jardin fruitier et potager, gestion de l’eau, élevage…
Aujourd’hui propriété de la commune, la ferme Raimbourg est pensée comme un espace ouvert au public, lieu de passage et de rencontre, entre nouveaux quartiers et centre historique.
 

Version en anglais
http://https://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Montcauvaire(1).docx
Pissy-Pôville (2020)
Eglise Saint-Martin

76360 Pissy-Pôville

L’église Saint-Martin, façade sud. © Département de la Seine-Maritime

Sur le plateau entre les vallées du Cailly et de l’Austreberthe, s’étend la commune de Pissy-Pôville née de la fusion de deux hameaux, par ordonnance du 22 mai 1822. Pissy et Pôville sont donnés à l’abbaye de Fécamp par le duc Richard II en 1006 pour être incorporés à la baronnie de Saint-Gervais : chaque paroisse possède son église, mentionnées dans les sources. L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Pôville est détruite durant l’ouragan de 1818.

L’église Saint-Martin, de Pissy, fortement remaniée aux 16e et 17e siècles, porte des traces plus anciennes. D’un plan au sol allongé, l’église présente un chevet plat adossé de contreforts. Le clocher octogonal surmonte la façade, cette dernière est ouverte par une porte cintrée. Les baies présentent des arcs en anse de panier mouluré. L’appareillage se compose de silex et de pierre, les briques sont utilisées en façade comme motif décoratif. La sacristie de 1947 est adossée au mur sud de l’édifice.

L’intérieur de celui-ci a été remanié probablement lors de l’aménagement du chœur suite à la réforme liturgique de Vatican II : les stalles ont été repoussées dans le chœur et tournées vers la nef, les autels latéraux ont été supprimés.

Intérieur de l’édifice depuis l’entrée vers l’est, cliché sur verre de Robert Eude, s.d., ADSM 11 Fi 1611. © Département de la Seine-Maritime

Le mobilier présente une homogénéité, les pièces majeures, dont la chaire et le maître-autel de belle facture sont datés du 18e siècle. L’ensemble est complété par des fonts baptismaux, bancs, confessionnal et poutre de gloire en fer forgé du début du 19e siècle.

Vue d’ensemble du maitre-autel. © Département de la Seine-Maritime

Le maître-autel, adossé au chevet, se compose d’un autel tombeau, entouré de lambris moulurés rehaussés d’or. Le retable est ouvert par une baie vitrée, accueillant aujourd’hui une verrière de Devisme, installée vers 1964-65 (la plupart des vitraux de l’édifice ont été soufflés par un bombardement de V1 pendant la Seconde Guerre mondiale).

L’ensemble est surmonté d’une gloire et de deux médaillons abritant une toile peinte, représentant une Vierge d’un côté et un Christ aux liens de l’autre. Les registres de la paroisse (ADSM G 8457) attestent que Noël Jouvenet, peintre sculpteur de son état, est intervenu dans l’église pour 39 livres en 1618, sans précision sur les travaux réalisés. Un sieur Jouvenet, en famille avec le précédent (un fils ? un frère ?), réalise une marche au maître-autel 30 ans plus tard.

Les Jouvenet forment une dynastie d’artistes réputés sur Rouen, tant en sculpture qu’en peinture, travaillant à des projets d’envergure sur les églises rouennaises : gloire et médaillons peints sont d’ailleurs représentatifs d’objets d’art ornant des édifices majeurs.

       

Détail de la gloire et des médaillons peints. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon

Un large chantier de restauration a été mené par la commune, entre 2015 et 2019, offrant à l’édifice une mise en beauté extérieure et intérieure.

Dans le cimetière, deux monuments commémoratifs interpellent.

Le monument aux morts des deux guerres mondiales, se compose d’une large colonne, surmontée d’un coq, symbole patriotique fréquent. Les archives sont peu bavardes quant à la commande de ce monument, mais le coq est une œuvre de série proposée sur catalogue par une société de fonderie, qui pourrait être celle de Chapsal frères.

  

Monument aux morts. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon

Plus loin, une tombe est également érigée en mémoire des ouvriers britanniques, tués en 1845 lors d’un éboulement pendant la construction du tunnel SNCF sur la ligne Rouen – Le Havre. La tradition veut que les ouvriers morts doivent être enterrés sur place et non rapatriés, le maire a donc vendu une concession à perpétuité aux autorités britanniques.

Cet évènement rappelle qu’un tunnel ferroviaire construit au 19e siècle traverse la commune, reliant la vallée du Cailly à celle de l'Austreberthe entre les hameaux de Frévaux et des Marivaux. Notons que ce tunnel sert de toile de fond au roman d'Emile ZOLA "La bête humaine".

   

Monument commémoratif, avec son inscription en français et en anglais. © Département de Seine-Maritime, Véronique Hénon

 

Version anglaise

https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Pissy-P%C3%B4ville.pdf

Rives-en-Seine - Villequier (2021)
Eglise Saint-Pierre de Bébec
hameau de Bébec
76490 Rives-en-Seine


Vue générale de l’église, vers 1950, d'après un cliché sur verre au gélatinobromure d'argent, © ADSM, Fonds Bailly 87 Fi 85
 
Dès le 13e siècle, le nom de Bébec apparaît sous différentes variantes, Buibec ou encore Buebec dans les textes, et plus précisément dans des chartes délivrées à la commanderie de Sainte-Vaubourg. Le nom, d’origine scandinave qui signifie « ruisseau », fait probablement référence à la résurgence d’un petit cour d’eau situé en fond de vallée.
L’édifice est mentionné dans les sources dès le 13e siècle lorsque le chevalier Richard de Villequier partage son domaine entre ses trois fils, créant Bébec, Touffreville et Villequier. D’après Cochet, en 1225, les archives de Saint-Wandrille parlent de Guillaume de Buibec, fils de Richard de Villequier, et en 1239 d’un Robert de Buiebec, fils de Guillaume et d’autres encore.
Deux confréries ont été créées dans l’église, l’une en 1502 dédiée aux saints Pierre et Etienne et l’autre en 1517 au très Saint-Sacrement du Corps du Christ.
Réédifiée au 16e siècle en pierres de la Vallée de la Seine, l’église Saint-Pierre de Bébec est rattachée à Villequier après la Révolution en 1823. Elle est aujourd’hui une église appartenant à la commune nouvelle de Rives-en-Seine, à laquelle a adhéré, le 1ER janvier 2016, la commune de Villequier.

Vue du clocher-porche et du calvaire, © Département de la Seine-Maritime

Isolée dans un espace boisé, à proximité des champs, l’église bénéficie d’un cadre bucolique. Le clocher-porche, massif, est coiffé d’une flèche octogonale. Épaulé aux angles par de solides contreforts, il est complété d’une tourelle ronde renfermant l’escalier. Le portail est encadré de voussures simples. La nef unique, à deux travées séparées par un contrefort, est éclairée par des baies en arc brisé. Une chapelle au sud sépare la nef du chœur, dont les baies sont ogivales. Le chevet est à pans coupés.
« Ces baies sont contemporaines ; elles appartiennent à cette lutte architecturale qui commença sous le règne de Louis XII et qui ne finit guères que sous Henri IV. Ce fut une guerre de cent ans », comme l’évoque l’abbé Cochet dans sa description de l’église de Bébec (volume 1 des Églises de l’arrondissement d’Yvetot, publié en 1852).
 
Sur le mur nord de l’église, des graffitis de bateaux rappellent le lien à la Seine et garde le souvenir de la vie des mariniers et marins : notons que l’église est dédiée à saint Pierre, patron des pêcheurs. Certains bateaux sont représentés de façon symbolique, un croissant figurant la coque et un trait médian, le mât. D’autres, au contraire, montrent une bonne connaissance de la structure d’un navire. Autre particularité, des perles de prières sont alignées sur près de deux mètres, sur le mur nord, au nombre de 150 environ (une perle pour une prière).
Graffitis au mur nord de l’édifice : croix, bateaux et perles de prières, © Département de la Seine-Maritime
 
Dans le cimetière, outre le socle de la croix de cimetière, en grès, du 16e siècle, on remarque un petit enclos protestant, dans lequel subsiste deux tombes orientées à l’inverse des autres, c'est-à-dire vers l’ouest : un chemin bordé d’arbres permet d’y accéder sans traverser le cimetière catholique.
Cette organisation répond à l’article 15 du décret du 23 prairial an XII: « Dans les communes où l’on professe à plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier et dans le cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y a de cultes différents avec une entrée particulière pour chacune et en proportionnant cet espace au nombre d’habitants de chaque culte. » Une particularité encore visible aujourd’hui, bien qu’elle se soit perdue dans la pratique.

Depuis le chemin arboré qui contourne le cimetière catholique, pour accéder aux deux tombes protestantes encore visibles, © Département de la Seine-Maritime
 
À l’intérieur de l’édifice, un arc surhaussé sépare le porche de la nef. Les voûtes en berceau sont lambrissées. Si les poinçons et entraits ne portent aucun décor, les sablières portent un beau travail de moulures. Un mur ouvert d’une large arcade ogivale sépare la nef du chœur. La chapelle est voutée sur croisée d’ogives.
Sur les murs intérieurs, on peut lire des croix de consécration et les vestiges d’une litre seigneuriale dont les écus subsistent bien qu’illisibles.
La plupart des vitraux sont losangés. Un vitrail historié au mur sud de la nef représente d’un côté la bénédiction de Jacob par Isaac en présence de Rebecca et de l’autre Joseph descendu dans un puits par ses frères. Le vitrail installé dans la baie axiale est une réalisation contemporaine des ateliers Forfait, représentant saint Pierre.
Vue générale de l’intérieur de l’édifice, vers l’est, © Département de la Seine-Maritime
 
Plusieurs statues, conservées dans l’église, ont attiré l’attention des spécialistes, et ont été protégées au titre des monuments historiques. Un groupe sculpté représentant saint Joseph et l’enfant Jésus, en bois polychrome du début du 18e siècle a été classé en 1944. En 1979, plusieurs statues sont inscrites au titre des monuments historiques, parmi lesquelles une Vierge à l’enfant, du 16e siècle, une sainte Catherine, un saint Etienne et un saint Pierre, tous trois du 17e siècle et un Christ en croix du 16e siècle. La chapelle sud porte un autel latéral de belle facture à proximité d’une piscine creusée dans le mur dès le 16e siècle.
  
Vue de l’autel secondaire situé dans la chapelle sud et de la statue de la vierge à l’enfant, classée au titre des monuments historiques, déposée pour restauration, vers 1950, d'après un cliché sur verre au gélatinobromure d'argent, © ADSM, Fonds Bailly 87 Fi 88 et 89

L’autel secondaire aujourd’hui, à proximité de la piscine architecturée du 16e siècle, © Département de la Seine-Maritime
 
Considérée comme abandonnée par l’abbé Cochet dès le milieu du 19e siècle, l’église a connu des interventions régulières, jusqu’à une vaste campagne de restauration entre 1986 et 1990 : réfection de la couverture et de la charpente de l’abside, restauration du clocher et sa tourelle, du beffroi (croix et coq), des menuiseries du porche et de la sacristie, des contreforts et des vitraux…
 

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Villequier%20B%C3%A9bec.docx
Rouxmesnil-Bouteilles (2019)
Mairie – ancien prieuré d’Hacquenouville
Mairie
76370 Rouxmesnil-Bouteilles


Vue de la façade principale © Département de la Seine-Maritime

Bouteilles est apprécié dès le haut Moyen-Âge pour ses salines, objets de convoitises des plus grandes abbayes normandes comme Fécamp, Jumièges, Saint-Wandrille, ou encore Beaubec-en-Rosière. Cette abbaye cistercienne installe, au hameau de Bernesault, un grenier à sel puis un prieuré dont il ne reste que des vestiges en 1750.
Un manoir est édifié, non loin, entre la fin du 15e et le début du 16e siècle, par la famille d’Hacquenouville, aujourd’hui méconnue mais dont l’un des membres les plus illustres est Roger d’Hacquenouville, chambellan du roi de France Charles VI, au début du 15e siècle.
 
En 1692, le manoir passe aux mains d’une communauté religieuse, les jésuites de Dieppe qui y demeurent jusqu’en 1762, date du bannissement de l’ordre en France. Cette occupation explique que le lieu soit encore aujourd’hui connu sous le nom de prieuré.
Le monument est vendu comme bien national pendant la Révolution. L’acte précise que le bien est un « manoir presbytéral consistant en une cuisine, salle, chambre, cellier, écuries, granges et avec un jardin le tout contenant une vergée et demi ».
 
Le manoir est acheté en 1869 par Edmond Delvincourt, le grand-père du compositeur. La famille reçoit sur place de nombreuses personnalités du monde artistique. Delvincourt y compose quelques œuvres, comme son Trio pour piano, violon et violoncelle, dans un petit pavillon qu'il avait construit en 1907 dans le jardin pour s'isoler et travailler au calme.

  
Vue sur le manoir et les communs, vers 1908 © Amis de Claude Delvincourt


À l’arrière du manoir, Marianne et Sabine (sœurs de Claude Delvincourt) debout à côté de leur grand-mère Marie Fourès, années 1910 © Amis de Claude Delvincourt
 
Les Delvincourt ont su conserver l'essentiel du caractère de l’édifice, en y apportant des aménagements caractéristiques d’une époque, et notamment des décors intérieurs de qualité.
 
Le monument est acheté par la commune en 1980. Afin d’étendre les locaux de la mairie, elle construit une tour polygonale en 2001 au sud-ouest de l’édifice. Cet agrandissement est respectueux de la construction d’origine, par les matériaux utilisés, identiques à ceux de la partie ancienne, et par la justesse de ses proportions.

Le bâtiment a évolué et a été modifié par les individus qui l’ont habité.
Les restaurations successives de cet ancien manoir du 16e siècle ont su conserver sa silhouette massive, sa marqueterie de silex et de grès caractéristique du patrimoine rural de la région dieppoise, ainsi qu’une belle homogénéité.


Vue aérienne de l’édifice présentant le bâtiment d’origine, la tourelle d’escalier, l’agrandissement en toit terrasse et la partie hexagonale occupée actuellement par la mairie, après 2001 © Municipalité de Rouxmesnil-Bouteilles
 
D’un plan au sol rectangulaire, le bâtiment principal construit en silex, grès et pierre calcaire est complété au nord-ouest d’une tour carrée, tour d’escalier ouverte tardivement par deux baies à chainage de pierre.
La façade principale présente des fenêtres aux linteaux, appuis et chainage en grès et de nombreux oculi. Sous le toit, un larmier souligne une frise décorative alternant formes géométriques losangées et ovales. La façade nord a été remaniée et repercée de trois baies, qui ont bousculé l’appareillage, larmier et frise apparaissant de façon discontinue.
Dans le soubassement en grès, sont percés des soupiraux au nord et une porte basse, au sud, au cintre en grès mouluré, qui mènent à une cave voutée. Comme dans d’autres manoirs cauchois du 16e siècle, la présence d’une cheminée évoque l’emplacement d’anciennes cuisines.
Les premières marches d’un escalier montant vers l’est laissent à penser que les cuisines étaient accessibles depuis le rez-de-chaussée par l’intérieur. Seuls les remaniements dans l’appareillage le suggèrent encore. Ces derniers sont probablement contemporains de la nouvelle entrée située à l’extrémité sud-est de la façade. La porte en arc plein cintre présente une frise en grès de remploi, orné d’un décor cordé en relief. Derrière la porte d’entrée aux ferrures néogothiques, se cache un escalier à balustres inspiré du 17e siècle et un sol couvert de carreaux de ciment, probables aménagements de la famille Delvincourt.


Vue générale de l’escalier à balustres de style 17e siècle et sol en carreaux de ciment © Département de la Seine-Maritime
 
En effet, l’édifice a connu de nombreuses modifications, intérieures et extérieures, menées par les Delvincourt.  Ainsi, le toit a été aménagé de lucarnes de style anglo-normand de tailles différentes, sur une toiture à longs pans en ardoise. Les meneaux des fenêtres ont été arasés et d’autres baies ont été ouvertes.
La tourelle d’escalier a été intégrée à un agrandissement qui présente un toit terrasse. Les murs d’origine ont d’ailleurs été conservés et sont visibles de l’intérieur. Cette extension du logis a été réalisée vers 1935 par l’architecte Féret.
 

Vue sur la façade principale. Les remaniements ne sont pas encore intégrés à l’appareillage d’origine : ainsi le mur Est est remanié en brique et l’agrandissement avec toit terrasse présente un appareillage en bandes alternant pierre et silex. ca 1950 © Municipalité de Rouxmesnil-Bouteilles
 
À l’intérieur, Le grand salon, salle de réception qui accueillait le piano de Delvincourt, présente une cheminée aux piédroits en grès sculptés similaires à celles du petit salon, actuel bureau du maire. Cette dernière porte un décor en bois peint de style néogothique, qui n’est pas sans rappeler le manoir anglo-normand de Clères. Elle fait face à une bibliothèque encastrée.
 
    
Cheminée avec coffrage en bois du petit salon, cheminée du grand salon © Département de la Seine-Maritime


Bibliothèque située dans le petit salon, actuel bureau du maire © Département de la Seine-Maritime
 
À l’étage les sols présentent tommettes et parquets, des placards d’époque sont encore présents dans chaque pièce.
 



Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/files/Anglais%20notice%20RouxmesnilBouteilles.pdf

Ry (2021)
Porche de l'église Saint-Sulpice
rue de l'église
76116 Ry


Vue générale du porche de l’église © Département de la Seine-Maritime

L’église de Ry est située à flan de colline surplombant le village. C’est un édifice roman en pierre doté d’une tour lanterne à baies géminées et modillons sculptés, vestige du 12e siècle, restaurée en 1756 par l’architecte Gallot et coiffée d’un clocher au 19e siècle.
Remanié à plusieurs reprises, l’édifice connaît de nombreux travaux au 16e siècle, dont la construction du collatéral nord et de la chapelle latérale sud. C’est à cette même époque qu’on abrite la double porte latérale sud d’un porche.
L’ensemble de ces travaux sont sans doute à attribuer à la famille de Moy, seigneurs du fief voisin de Saint-Denis-le-Thiboult mais également bienfaiteurs et mécènes de cette église. En effet, leurs armoiries, de gueules fretté d’or de six pièces, sont présentes à trois endroits : sur une poutre médiane à l’intérieur de l’église et sous le porche, gravées dans la pierre entre les deux portes et sculptées dans le bois de la voûte.

Les Armes de la famille de Moy, visibles en deux endroits sous le porche, © Département de la Seine-Maritime

Le porche au décor Renaissance fait la célébrité de l’église. Viollet-le-Duc en publie une gravure dans le tome 7 de son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle (1854-1868), pour illustrer un large article consacré aux porches.
« … nous ne devons pas omettre ici un monument d'un grand intérêt, quoique d'une date assez récente. Il s'agit du porche de l'église de Ry […]. Latéralement à la nef, est bâti du côté sud un porche en bois, clos, richement sculpté et d'une conservation parfaite. […]. Ce joli porche date de la première moitié du XVIe siècle ; il est entièrement construit en bois de chêne et repose sur un bahut de pierre. […] La sculpture en est très délicate et des meilleures de l’époque de la renaissance normande. […]. En examinant les vignettes des manuscrits du XVe siècle, il est facile de constater qu'il existait beaucoup de ces porches en charpente, principalement dans les villes du Nord. Ces porches en bois étaient toujours
peints et rehaussés de dorures… »
 
Une large campagne de restauration, menée par l’architecte Paul Lecoeur, entre 1878 et 1883, réhabilite une structure malmenée par les ans, les colonnettes ayant presque toutes disparu et la charpente étant en mauvais état. La restauration du décor est confiée en 1881 au sculpteur rouennais Numa Puech. Le porche est classé au titre des Monuments Historiques par arrêté du 21 mars 1910.

Photographie du porche avant la restauration de Lecoeur, © ADSM 7 V 169


Note de sculpture de Numa Puech, © ADSM 7 V 169
 
Projet de restauration du porche par Paul Lecoeur, dessin, plume et lavis, 1878, © ADSM 6 Fi 07/45
 
Ce porche en bois de chêne est assemblé à tenons et mortaises, teinté au brou de noix. De plan rectangulaire, il protège l’accès principal de l’église, au sud, orienté vers le village, et se termine par trois pans. Le pan central forme l’entrée et présente un arc surbaissé en bois ciselé. Viollet-le-Duc affirme, dans sa description que cette « baie d'entrée ne paraît pas avoir jamais été munie de vantaux, ni [de] claires-voies de grilles ».
Un soubassement en pierre calcaire soutient huit poteaux verticaux, reposant sur une sablière basse, formant ainsi six travées. Chacune d’entre elles se composent de panneaux sculptés fixés aux poteaux à la base et sous la corniche. Des colonnettes moulurées forment trois arcs en plein cintre. Ils sont agrémentés d’un décor ajouré de volutes et rubans.


Première travée du porche, © Service Régional de l’inventaire (Région Normandie)
 
Le porche est recouvert d’une voûte en carène renversée maintenue par les éléments de charpente que sont poinçons et entraits à engoulants.
 
De style Renaissance, il est finement et richement sculpté de figures bibliques, d’éléments végétaux et de représentations animales ou guerrières.
Les panneaux horizontaux sont ornés de rinceaux affrontés terminés par une tête grotesque ou fantastique encadrant un motif central. Les poteaux portent un décor d’arabesques végétalisées, surmontées d’une tête d’angelot qui forme un culot sur lequel est posée une statuette, coiffée d’une coquille et d’un dais. Sont représentés des apôtres et des saints avec leurs attributs : saint Pierre et saint Paul, saint Jacques le Majeur et saint Laurent ainsi que d’autres saints bénéficiant d’une dévotion locale comme sainte Véronique ou saint Sulpice, patron de l’église.
Ces éléments sont visibles à l’extérieur comme à l’intérieur du porche.
Sous la charpente, au-dessus de deux des statuettes, deux blochets représentent saint Mathieu et saint Jean par leurs symboles traditionnels, un jeune homme aux ailes étroites pour le premier et un aigle pour le second.
La voûte lambrissée porte des motifs fleuris et un médaillon en clé de voûte représentant Dieu le Père bénissant, coiffé de la tiare papale.
 
La voute lambrissée : entraits, engoulants, blochets et sablières sculptés, © Département de la Seine-Maritime
 
Sous le porche, parmi les personnages représentés, un clerc agenouillé, sous une coquille, vêtu d’un habit plissé tenant un étui à parchemin semble être une représentation du donateur, probablement Jacques de Moy, Chevalier, Baron de Moy, Châtelain de Bellencombre, conseiller & Chambellan du Roi, Maître & Réformateur des Eaux-&-Forêts de Normandie & de Picardie, et d’autres titres encore…
 
En pays de Bray, d’autres églises présentent des porches en bois, plus modestes cette fois.
A Bosc-Bordel, l’église Saint-Jean-Baptiste possède un porche latéral orné d’un bas-relief sculpté, représentant le Jugement dernier ainsi que des représentations des apôtres, de saint Nicolas et d’anges. L’église Saint-Martin de La Vieux-Rue est accessible par un porche abritant le portail ouest, avec des sablières sculptées de belle facture…

Porche de l’église Saint-Jean-Baptiste de Bosc-Bordel, © Département de la Seine-Maritime

Eglise Saint-Martin de La Vieux-Rue, © Département de la Seine-Maritime
 

Version en anglais
https://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Ry.docx
Saint-Jean-de-Folleville (2019)
Vitrail commémoratif de la Grande Guerre
Eglise Saint-Jean-Baptiste rue de l'église
76170 Saint-Jean-de-Folleville


Vue générale © C. Kollmann, pôle Inventaire, Région Normandie

Avec la Grande Guerre, comme toutes les communes de France, Saint-Jean-de-Folleville perd des hommes au champ d’honneur, 25 poilus.
Pour leur rendre hommage les membres du conseil municipal décident en février 1919 d’ériger un monument, financé par une souscription et réalisé par M. Charles Carel marbrier au Havre.
En février 1920, l’abbé Leclerc souhaite également honorer la mémoire des paroissiens morts pour la patrie. Il demande l’autorisation à la commune de leur dédier un vitrail dans l’église et précise son projet associant religieux et patriotisme autour d’un sujet « qui ne puisse blesser la foi d’aucun d’eux ».
La tâche est confiée au maître-verrier parisien Emile Janiaud. Il propose un modèle de verrière qui, chose rare, nécessitera l’adaptation de la baie à l’œuvre par une modification de sa structure et non l’inverse. Cela concerne « la première ouverture qui se trouve à droite en entrant dans l’église ».


Signature et date © Département de la Seine-Maritime
 
Le centre de la baie en plein cintre comporte, selon la description adressée par le curé au conseil municipal, « une reproduction fidèle du calvaire de l’église de Marquivilliers, avec une perspective sur le lointain sur le village voisin ». Cette église est en effet devenue le symbole des dégradations perpétrées par l’ennemi.
Ici, le crucifix mutilé de Marquivilliers est pointé du doigt par un soldat agonisant, dans les bras d’un infirmier.

         
Marquivilliers, le Christ dans l’église, carte postale (s.d. (vers 1915), © collection privée) et sa reproduction (© C. Kollmann, pôle Inventaire, Région Normandie)
 
Cette scène présente des similitudes avec des verrières réalisées pour des églises de la Manche et du Calvados, sorties des ateliers du maitre-verrier Mazuet de Bayeux. Un modèle commun existe donc sans qu’on ne sache comment ni qui des deux ateliers l’a élaboré[1].
 
Le tableau central est entouré de 24 médaillons de 18 cm de diamètre, représentant les portraits des Follevillais morts pour la France, entourés d’un liseré portant leur nom, date et lieu de décès. Seul Isidore Houzard n’est pas représenté, l’artiste ne disposant pas de photographie du soldat.
 
Les portraits sont particulièrement fidèles et témoignent de la technique mise en œuvre par le verrier. Ce dernier a procédé à un recadrage puis un agrandissement d’un tirage photographique papier conservé par la famille.  
Le peintre utilise un tirage lui permettant de reporter les traits par transparence sur des médaillons de verre de petites dimensions. Les contours sont ensuite ombrés par l’usage de jus de grisaille, des enlevés au putois et à la brosse, des rehauts de Jean Cousin pour les carnations. Les uniformes sont colorés par la pose d’émaux bleu et rouge.

 
Cinq des médaillons, dont celui d’Isidore Houzard, sans portrait, © Département de la Seine-Maritime

Un travail de recherches a été mené sur ces soldats dans le but de retracer leur parcours et d’inscrire dans la grande Histoire l’histoire individuelle de ces hommes. Les descendants de certains d’entre eux ont conservé photographies, médailles et courriers. Ces documents permettent aujourd’hui de renforcer la touche d’humanité que ces portraits nous laissent percevoir.
 
La famille Legoy a versé, à elle seule, un lourd tribu à la guerre en perdant trois de leurs fils : seuls deux figurent sur le vitrail, le troisième meurt en 1925 profondément affecté par son séjour dans un camp d’internement allemand.
 
       
René Legoy en civil, carte postale (s.d. avant 1914 ?, détail, collection Cordier) et son portrait vêtu de l’uniforme © L’Amande et l’Obsidienne © C. Kollmann, pôle Inventaire, Région Normandie
 
Dans le cadre de travaux sur l’église, le vitrail a été déposé pour une restauration au sein de l’atelier L’Amande et l’Obsidienne (Amandine Steck, Honfleur).
Le travail de conservation de la verrière s’est principalement porté sur un nettoyage et un masticage prudent et soigneux, la mise en place d’une bavette pour la ventilation et le remplacement complet de la serrurerie qui menaçait de céder.
Les fers T ont été remplacés par un châssis de barlotières traditionnel, plus pérenne et fabriqué à la forme des vitraux.


Éléments du vitrail déposés pour restauration © L’Amande et l’Obsidienne
 


[1] CHERON Philippe, DELAUNEY Sophie. Vitraux de Normandie, une histoire de la Grande Guerre. Lyon : lieux-dits, 2018. Images du patrimoine, n°301.
 



Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/files/Anglais%20notice%20St%20Jean%20de%20Folleville.pdf

Saint-Laurent-de-Brévedent (2020)
Christ Roi, statue monumentale
La Briganderie
76700 Saint-Laurent-de-Brévedent

     

Statue monumentale du Christ rédempteur en 1948. © collection privée

Sur les hauteurs de Saint-Laurent-de-Brévedent, dominant la vallée boisée de la rivière Saint-Laurent, s’élève une statue monumentale représentant le Christ Roi, à la façon du Corcovado brésilien !

Nommé aussi Christ libérateur ou rédempteur, cette statue témoigne de la piété locale.

Saint-Laurent-de-Brévedent située à proximité de batteries anti-aériennes et de la voie de chemin de fer reliant Rouen au Havre, devient une cible stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, la commune est épargnée par les bombardements, notamment ceux de 1944.

Au sortir de la guerre, l’abbé Bataille, curé de la commune entre 1943 et 1952, souhaite ériger une statue en signe de reconnaissance et de remerciement. La famille Lesauvage, propriétaire de terres sur la commune, fait alors don d’une partie de son terrain situé en bord de route, au lieu-dit de la Briganderie, pour y élever le monument. L’abbé s’adresse au sculpteur havrais Marcel Adam.

Élévation de la statue, en présence du sculpteur, en 1948. © collection privée

La statue mesure 2 m 60 de haut. En pierre de Bourgogne, elle est sculptée en taille directe, et posée sur un socle en béton armé enduit de ciment.

Des prototypes en plâtre témoignent du travail de l’artiste sur le drapé de la tunique du Christ, en écharpe sur l’une, en cuvette, sur l’autre. C’est cette dernière qui a été réalisée.

  

Deux prototypes de la statue aux drapés différents. © collections privées

Cette œuvre s’inscrit dans un mouvement régional propre à l’après-guerre, avec l’ouverture de souscriptions dans plusieurs villages de la pointe de Caux, très éprouvée par la Seconde Guerre mondiale. Ces ex-voto sont érigés en remerciement pour les vies épargnées.

Ainsi Marcel Adam est-il également choisi pour réaliser le calvaire de Montivilliers, monument aux morts de 11 mètres de haut, érigé par la paroisse de Sainte-Croix pour rendre hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale tout en remerciant Dieu d'avoir protégé la ville des bombardements. Sculpté par Adam en 1946, il présente un christ de douleur, dont les mains soulignent la souffrance de la crucifixion.

Le calvaire de Montivilliers aujourd’hui. © collection privée

Le calvaire de Saint-Romain-de-Colbosc est érigé suite au vœu de l’abbé Durand en 1948, d’après les dessins d’Henri Colboc, prix de Rome. Ce dernier allie modernisme, dans l’utilisation du béton armé, et tradition, dans sa forme, un autel surmonté d’un retable, dont l’accès est facilité par un emmarchement. Le Christ crucifié est modelé sur la croix suivant la technique du travail de sculpture à frais du ciment.

Le calvaire de Saint-Romain-de-Colbosc, s.d. © collection privée

D’autres monuments dédiés à la Vierge Marie ont également été édifiés, parmi lesquels le monument marial de Tancarville, plus tardif car élevé en 1960.

Dans l’intérieur des terres, à Ancretiéville-Saint-Victor, la statue de Notre-Dame de Pitié est exécutée par Carlo Sarrabezolles, suivant la même technique de sculpture du béton à frais. Suite au vœu du père Mathan, la statue est bénie par monseigneur Petit de Julleville en 1947.

La statue monumentale de Notre-Dame de Pitié par Sarrabezolles. © Département de la Seine-Maritime

Témoignage d’une piété populaire, ces statues monumentales, monuments aux morts ou calvaires sont caractéristiques de l’après-guerre tant par l’esthétique aux lignes épurées que par les matériaux utilisés.

À Saint-Laurent-de-Brévedent, le choix du sculpteur s’est porté sur un artiste havrais, Marcel ADAM (1912-1976), fils d’un marbrier, sacré Premier ouvrier de France, et dont l’atelier était installé face au cimetière Sainte-Marie.

Élève des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier du maître Bouchais, il rentre en Normandie et travaille sur le Havre et sa région. Peut-être connaissez-vous son œuvre sans le savoir ? En effet, il façonne plusieurs bas-reliefs ornant des immeubles Perret de la Reconstruction situés avenue Foch et boulevard François-Ier (les Combattants, le Corsaire, l’Hydre de Lerne, le Commerce et l’industrie, les Joueurs de football). Il réalise également un haut-relief en céramique pour le nouveau groupe scolaire de Fontaine-la-Mallet et travaille à la restauration de monuments historiques, comme le château d’Ételan, la cathédrale Notre-Dame du Havre ou l’abbaye de Graville…


Bas-relief Le Pirate dans l’atelier du sculpteur, avant sa pose sur l’immeuble de l’ilot V6, avenue Foch au Havre, s.d. © collection privée

Marcel Adam, en tant qu’artiste, n’a pas seulement mis son savoir-faire au service de la Reconstruction, mais a pleinement participé au devoir de mémoire. Il a ainsi souhaité souligner les sacrifices des populations locales en choisissant d’orner la Maison des Combattants (îlot V6, emplacement du siège de la Gestapo), en édifiant le calvaire In memoriam de Montivilliers et en élevant le Christ Libérateur de Saint-Laurent-de-Brévedent.

 

Version anglaise

https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Saint-Laurent-de-Br%C3%A9vedent.pdf

Saint-Léger-aux-Bois (2019)
Tour Mailly
rue du bourg
76340 Saint-Léger-aux-Bois


Vue générale de face © Département de la Seine-Maritime

La plaine de Saint-Léger-aux-Bois est dominée en cœur de bourg par l’église dédiée à saint Léger et la Tour de Mailly, toutes deux érigées au 16e siècle par le seigneur du lieu, Adrien de Mailly.
  
Au 11e siècle, le seigneur du lieu, issu de la famille des Saint-Léger, accompagne Guillaume le Conquérant dans ses conquêtes. Faute de descendants masculins, la famille s'éteint au 15e siècle et les terres passent aux mains des Bailleul puis des Mailly, famille issue de la noblesse d’extraction chevaleresque, d’origine picarde.
La seigneurie de Saint-Léger passe dans la famille de Mailly en 1503, par l'union d'Adrien de Mailly avec Françoise de Bailleul, fille de Jacques de Bailleul, seigneur de Saint-Léger, et de Jeanne, dame d'Haucourt et du Quesnoy-en-Vimeu.
La terre de Saint-Léger reste la propriété des Mailly-Haucourt jusqu’en 1809, époque où Antoine Lemire s’en rend acquéreur.
 
Sur le plan cadastral napoléonien de 1823, la tour se situe à l’entrée d’une large cour autour de laquelle s’organisent des bâtiments appartenant aujourd’hui à une ferme encore en activité. Il s’agit probablement du cœur de l’ancien fief seigneurial qui comptait puits, colombier, manoir détruit à la période révolutionnaire.
L’abbé Cochet, dans son répertoire archéologique, confirme l’existence d’un château, dont il ne reste « qu’une maison de ferme du 16e siècle et une haute tour en brique rouge que l’on nomme Tour des Mailly ». Elle est également dite Tour des ducs de Mailly, bien que la famille n’ait jamais accédé aux charges ducales.
À proximité du logis seigneurial, l’actuelle église présente une chapelle de chœur, devenue aujourd’hui sacristie. Accessible par une porte latérale aujourd’hui condamnée, elle a été construite pour Jacques de Bailleul en 1510 favorisant l’accès direct du seigneur à l’église par sa chapelle privée.
 

Plan cadastral napoléonien (section B), 1823, ADSM 3P32906 © Département de la Seine-Maritime
 
La tour tombe en désuétude à la fin du 19e siècle pour être aménagée le siècle suivant en logement. Elle connaît alors des remaniements architecturaux importants, notamment l’ouverture d’une porte en rez-de-chaussée donnant sur la route. Une maison de caractère, probablement construite au 18e siècle, en brique et pan de bois, est encore aujourd’hui adossée à la tour.
Dans la 2e moitié du 20e siècle, la tour a été acquise par le SIVOM qui y installe un office de tourisme. La commune rachète l’édifice en 2003 et réalise des travaux sur la toiture et les meneaux. Après avoir accueilli les tournées de la bibliothèque départementale, la tour a servi de lieu d’exposition lors des journées commémorant les 500 ans de l’église.
 
Cette tour, séparée du château, est située à l’entrée de l’enclos seigneurial. Bien qu’elle possède certains codes architecturaux militaires, elle est avant tout une tour de prestige construite en brique rouge sur quatre niveaux dont un sous comble.
Les faux-mâchicoulis, en pierre, remanié en brique par endroit, forme une frise décorative plus que défensive car dépourvus d’un chemin de ronde. La tour porte de larges baies à meneaux au chaînage en pierre, donnant toutes sur l’ouest. L’entrée actuelle est moderne et remplace une ancienne fenêtre. L’entrée initiale, aujourd’hui condamnée, est visible sur la partie septentrionale de la tour. Le nombre et la forme des ouvertures excluent le caractère défensif de l’édifice.


Faux-mâchicoulis © Département de la Seine-Maritime
 
Le dernier étage sous comble présente deux ouvertures orientées nord et sud : deux autres ouvertures est-ouest condamnées sont encore lisibles depuis l’intérieur.
Les anciennes cheminées, dont les entablements subsistent dans les étages, ont été arasées dans la 1ère moitié du 20e siècle. Il n’en reste de traces que photographiques.
 

Vue générale de la tour munie de ces cheminées. Avant 1940. Cliché de l’historien Philippe Des Forts (historien, 1865-1940) © Ministère de la culture, MAP, Diffusion RMN-GP
 

À l’ouest, une tourelle, abritant un escalier hélicoïdal sur voûte sarrasine, permet l’accès aux étages.
Si le rez-de-chaussée a été remanié par les différents usages modernes de la tour, son faux-plafond cache une voûte en brique. Les autres niveaux présentent des caractéristiques architecturales du 16e siècle : un sol couvert de tomettes hexagonales à cabochons en terre cuite, une porte moulurée aux gonds et ferrures d’origine, un appareillage en briques aux joints peints, des solives en triangle (vestiges du plafond d’origine). Ces éléments permettent une datation affinée, de la fin du 15e et du début du 16e siècle par comparaison à l’architecture d’édifices construits à la même époque, comme le château de Martainville-Epreville.
Au deuxième niveau, une porte permet d’accéder à un tour de guet, aujourd’hui bouché par une maison d’habitation adossée à l’édifice.

 
3e niveau de la tour : des détails architecturaux caractéristiques du début du 16e siècle © Département de la Seine-Maritime
 

Solives triangulaires © Département de la Seine-Maritime
 
Le grenier, désormais accessible par un escalier de meunier réalisé par la commune, présente une circonférence plus large que les autres niveaux, car avancé sur les créneaux. 
Une charpente en chêne, posée directement sur les murs et soutenus par des piliers en bois, est édifiée sur un poinçon central. Elle se compose de trois croix de Saint André superposées qui soutiennent un toit en poivrière à longs pans, couvert d’ardoises. C’est un témoin exceptionnel du travail artisanal des menuisiers du 16e siècle.
 

La charpente posée directement sur les murs © Département de la Seine-Maritime
 

Vue en contreplongée de la croix de Saint-André composée © Département de la Seine-Maritime
 



Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/files/Anglais%20noticeSaintL%C3%A9gerauxBois.pdf

Saint-Léonard (2019)
Chapelle de Grainval
Route de Grainval
76400 Saint-Léonard


© Ballandrone

La valleuse de Grainval, qui s’ouvre sur la mer, séduit par sa tranquillité et son point de vue sur Fécamp : de nombreuses villas fleurissent dans le hameau dès la fin du 19e siècle. La petite station balnéaire accueille alors des personnalités issues de la société locale, dont Alexandre Joly, armateur fécampois.
Ce dernier fait construire à Grainval un chalet où passer le dimanche à la belle saison, afin de rester à portée de voiture à cheval de la ville.
 
Cet homme de foi nourrit une profonde gratitude à l’égard de Notre-Dame de Lourdes pour une guérison obtenue en 1895, qui le délivre de rhumatismes chroniques. En remerciement, il fait édifier dans le jardin de sa villa un oratoire familial, réplique de la grotte de Massabielle, devenu lieu de pèlerinage.
Après la Première Guerre mondiale, la villa est vendue avec la crainte que cette chapelle, devenue inaccessible aux pèlerins, soit désaffectée ou détruite.
 
Pour y effectuer des cérémonies pouvant accueillir un plus grand nombre de pèlerin, l’abbé Aubert, curé de la paroisse, avait déjà exprimé le souhait d’édifier une chapelle plus spacieuse. Ce projet avait reçu l’adhésion de M. Joly. Ce vœu n’a été réalisé qu’après son décès et grâce au soutien financier de sa veuve et de ses enfants.
La première pierre de la chapelle est posée en 1922. Elle est bénite en 1923 en présence de 3000 fidèles.
 

Grainval, lieu de pèlerinage, carte postale, s.d. © collection privée


Vue générale sur la chapelle, photographie, 22 août 1937, ADSM 11 Fi 1134 © Département de la Seine-Maritime

 
Vue intérieure sur le maître-autel et la baie consacrée à Notre-Dame du Salut, photographie 22 août 1937, ADSM 11 Fi 1138 © Département de la Seine-Maritime
 
Sa construction en brique et silex est typique de la région. On y entre par un étroit clocher-porche. Formant une nef unique au chevet à pans coupés, elle est terminée par une sacristie et est éclairée par huit baies ogivales.
L’abbé Aubert acquiert du mobilier provenant de l’ancienne église abandonnée de Bondeville, mis en vente entre les deux guerres : une cloche, une stalle de style Louis XV et une chaire qui n’est plus visible aujourd’hui. Plusieurs statues Saint-Sulpiciennes viennent compléter l’ensemble dont trois sont encore en place, représentant Notre-Dame de Lourdes, Sainte-Thérèse de l’enfant Jésus et une Piétà.  
 
Si  son architecture et son mobilier sont modestes, la chapelle présente une série de huit vitraux, de forme ogivale, réalisée par les ateliers Devisme. Le discours iconographique sert la mémoire des familles Duhamel et Joly tout en évoquant l’histoire sociale et économique du Fécamp de la fin du 19e et du début du 20e siècle.
Au sud, successivement, on trouve la représentation de saint Louis tenant la couronne d’épines, saint Jacques de Compostelle, saint Alexandre et sainte Bernadette à la grotte de Massabielle. Au nord, sainte Jeanne d’Arc, saint Pierre, saint André et Notre-Dame du Salut.
 
Cet ensemble mémorial est le reflet de l’histoire de la famille Duhamel-Joly. Il évoque la perte prématurée de quatre des petits-fils d’Alexandre Joly, morts de maladie ou mort pour la France.
Seules deux verrières portent le portrait en médaillon de la personnalité évoquée : celui d’Alexandre Joly en tant que chef de famille et le jeune Louis Savalle en tant que héros de guerre. Les autres défunts sont représentés symboliquement par la figure de leur saint patron (saint Pierre, saint Jacques et saint André) représentés en pied avec leurs attributs.

   
Vue générale de la baie 8, consacrée à saint Louis et Détail du médaillon représentant le portrait de Louis Savalle © Service Inventaire et Patrimoine, Région Normandie
 
Les autres vitraux reflètent la piété populaire du début du 20e siècle (sainte Jeanne d’Arc) et évoquent la foi de la famille donatrice (sainte Bernadette).
Ainsi le vitrail à Notre-Dame du Salut révèle la piété mariale de la famille Joly et celle des marins et des pêcheurs.    
Au premier plan quatre marins dans leurs barques prient la Vierge dans l’entrée du port de Fécamp, dominée par la falaise du Cap Fagnet. La scène est surmontée d’une Vierge à l’enfant rayonnante dans une nuée.
Au-delà de cette dévotion, le vitrail s’inscrit dans l’histoire maritime. A l’arrière-plan, plusieurs navires sont représentés, illustrant une partie de la flotte de l’armateur Joly : un trois-mâts goélette dont le pavillon blanc porte les initiales AJ, celles de son armateur, un vapeur à la cheminée noire et un dundee harenguier. Ce vitrail témoigne de la réussite de cet armateur, de l’évolution de l’activité portuaire fécampoise et des bouleversements technologiques (arrivée des premiers vapeurs).

  
Vue générale de la baie 1, consacrée à Notre-Dame du Salut et Détail des navires formant l’armement Joly © Service Inventaire et Patrimoine, Région Normandie
 
Cédée par le diocèse du Havre à la commune en 1998, des travaux de réhabilitation ont été menés entre 2011 et 2015 en partenariat avec la Fondation du patrimoine (travaux d’assainissement et drainage, aménagements extérieurs). Cet édifice cultuel est devenu un lieu culturel dont la programmation est portée par une association active, Les Amis de la chapelle de Grainval, composée de bénévoles qui ont participé au chantier de restauration.
 
       
Des bénévoles en action © Association Les Amis de la chapelle de Grainval

 
 



Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/files/Anglais%20notice%20SaintL%C3%A9onard.pdf

Sainte-Hélène-Bondeville (2021)
Centre culturel - Ancienne église Saint-Pierre-et-Saint-Clair
rue Poret de Blosseville
76400 Sainte-Hélène-Bondeville

Vue depuis le sud, © Département de la Seine-Maritime
 
Sur le plateau surplombant Fécamp s’établissent de grands domaines agricoles dès l’antiquité, à l’origine de la toponymie. En effet, le site de Bondeville tire son appellation du nom d’homme scandinave, Bondi : Bondivilla est donc la villa (nom latin d’une exploitation agricole) de Bondi. Sa première mention dans les textes d’archives connus remonte au 12e siècle, attestant également de la présence d’une église.
L’église dédiée à saint Pierre ne change probablement pas d’aspect entre les 12e et 16e siècles, date à laquelle on élève dans le cimetière une croix, encore visible, pourvue de trois niches ayant abrité des saints personnages aujourd’hui disparus.
 
Au 17e siècle, l’église est dotée d’un clocher-porte, dont l’appareillage en bandes alterne pierres et silex taillés. À la même époque, le chevet plat est remanié et ouvert par trois baies en plein cintre. L’église se dote alors d’un second patron, saint Clair et en 1646 d’une confrérie.
Le 20 juillet 1713, l’église de Bondeville reçoit la visite pastorale de l'archevêque de Rouen, Monseigneur d’Aubigné, dont le procès-verbal (ADSM G 737-738) retranscrit la minutieuse et sévère inspection. Des réparations urgentes, sur les maçonneries, la croisée et les sols, sont menées. Un autel pourvu d’un monumental retable à colonnes est édifié et deux nouvelles statues en terre cuite sont achetées représentant saint Pierre et saint Clair.
 
Ces travaux ne suffisent pas à redonner de l’éclat à l’édifice : en 1756, le registre de la fabrique (ADSM G 8040) nous apprend que de nouveaux travaux doivent être réalisés : réfection des murs, création de nouvelles fenêtres, pavage, nouvelles chapelles et sacristie à l’arrière dont la construction est confiée à Toussaint le Play, maçon. L’édifice actuel porte deux chapelles latérales semi-circulaires, dans un appareillage en silex taillés et briques. Les nouvelles fenêtres ouvertes au 18e siècle sont essentiellement visibles sur la façade sud.
 
Les deux paroisses de Sainte-Hélène et de Bondeville se réunissent suivant l’ordonnance royale de Charles X en 1826 : l’église de Bondeville tombe progressivement en désuétude, bien qu’on continue d’y célébrer la saint Clair et quelques fêtes. Le dernier baptême y a lieu en 1887. Les efforts financiers sont réservés à la rénovation de l’église de Sainte-Hélène : c’est un édifice entier qui est élevé à partir de 1868, sur près de trente ans. Cette attention tournée uniquement vers Sainte-Hélène entraine l’abandon définitif de l’église de Bondeville. On y cesse donc tout entretien.
 
Église de Sainte-Hélène de Bondeville, © Département de la Seine-Maritime
 
En 1923, le Dr Dufour, président de l’association des amis du Vieux Fécamp, s’inquiète du sort des objets restés dans l’église et interpelle le préfet. Une partie d’entre eux est vendue : ainsi la cloche, la chaire et une stalle ancienne sont installés dans la chapelle de Grainval à Saint-Léonard.
L’abbé Labruche, curé de la paroisse entre 1921 et 1940, s’émeut également de la situation de ces objets, le bâtiment tombant peu à peu en ruines. Le maître-autel et les deux statues en terre cuite représentant les saints patrons de l’église sont transférés en 1929 dans l’église du bourg, juste avant que la toiture ne s’écroule… Ces éléments sont encore aujourd’hui visibles dans l’église de Sainte-Hélène.
 
Ensemble du maître-autel et de deux statues en terre cuite, provenant de l’église de Bondeville, aujourd’hui visibles dans l’église du bourg, © Département de la Seine-Maritime
 
Le conseil municipal décide par délibération en 1932 de mettre l’église en vente : aucun acquéreur ne se présente et l’édifice poursuit sa lente décomposition. La charpente du clocher, envahie par les lierres, est démolie en 1961 par les pompiers de Fécamp. Plusieurs campagnes de débroussaillage se succèdent avec des chantiers de jeunes.
 
  
L’église avant débroussaillage, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Bergoin
 
 
L’église débarrassée de la végétation, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Pierre Lefebvre
 
Il faut attendre 1972 pour qu’une association de sauvegarde soit créée par Melle Raymonde Tesnière, l’association des amis de l’église Saint-Pierre et Saint-Clair de Bondeville. L’organisation d’évènements permettent de recueillir des fonds, augmentés par les subventions publiques. Des travaux de sauvegarde des maçonneries sont couronnés en 1989 par la pose d’un nouveau toit : l’édifice est hors d’eau. La même année, l’église est désaffectée au culte.

Parmi les présents, deux personnalités ont particulièrement œuvré à la sauvegarde de cet édifice : au centre en manteau noir, M. Rousselet, maire ; à l’extrême droite, Melle Raymonde Tesnière, entre 1975-1982, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Bergoin

Avant l’installation de la nouvelle charpente, on reconnaît M.Revet, député et sénateur de Seine-Maritime (à gauche) et M. Rousselet, maire de la commune (2e, depuis la droite), © collection privée
 
La commune et son maire, M. Michel Rousselet, porte le projet de créer dans cet édifice une salle culturelle : inaugurée en 1990 par Jean Lecanuet, elle est animée par une association Le lien des Temps.
 Inauguration de l’édifice en présence de Jean Lecanuet, entre 1975-1982, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Bergoin
 
Depuis plus de trente ans, elle propose des expositions de peintures, sculptures et photographies, des concerts et autres spectacles vivants. Près de 250 manifestations se sont déjà déroulées dans les lieux lui conférant un nouvel usage. De nouvelles installations, nécessaires pour répondre aux normes d’ouverture au public ont été réfléchies et s’intègrent à l’architecture de l’édifice.
 
Face aux interrogations nouvelles sur le devenir des églises, la réhabilitation de l’église de Bondeville en salle culturelle est un exemple de réussite : le projet porté par la commune et soutenu par une association active témoigne depuis trente ans qu’un tel projet est possible dès lors qu’une réflexion en amont se concrétise dans une action commune.
 

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Sainte-H%C3%A9l%C3%A8ne-Bondeville.docx
Touffreville-sur-Eu (2022)
Viaduc
impasse du viaduc
76910 Touffreville-sur-Eu


Tablier du viaduc, vue aérienne, s.d. © Drones Smart Images
 
Afin d’enjamber la vallée de l’Yères, le viaduc a été construit sur la ligne de chemin de fer Rouxmesnil au Tréport, nommée aussi Dieppe-Eu, réalisé dans le cadre du plan Freycinet.
Cet ambitieux programme français de travaux publics a été lancé en 1878 par le ministre des travaux publics, Charles de Freycinet, pour la construction de chemins de fer, de canaux et d'installations portuaires.
La loi du 17 juillet 1879 classe 181 lignes de chemin de fer dans le réseau des chemins de fer d'intérêt général permettant ainsi de parfaire le maillage ferroviaire français.
Le tracé de cette ligne déclarée d’utilité publique par la loi du 21 février 1880 doit permettre une liaison entre les réseaux du nord et de l’ouest de la France, le long des côtes de la Manche. Elle est prévue initialement comme un maillon de la ligne stratégique littorale partant du Havre et aboutissant à Abbeville.


Carte des chemins de fer de la Normandie, s.d. © ADSM 12 Fi 614

Elle est concédée à titre définitif par l’État à la compagnie des chemins de fer de l’Ouest par une convention signée entre le ministre des travaux publics et la Compagnie le 17 juillet 1883.
Ses 125 mètres en font le plus long ouvrage d’art du parcours, construit en voie unique sur 37 kilomètres : traversant l’Yères, il descend dans la vallée de l’Eaulne et son emprise au sol se fait sur les communes de Touffreville-sur-Eu et Saint-Martin-le-Gaillard.
 
Dessiné par l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Albert de Préaudeau, chargé études et travaux, le viaduc est inauguré le 22 août 1885, en présence du Ministre des travaux publics, M. Demôle, et des députés.
 

Coupe du viaduc, juin 1887 © SARDO – Centre National des Archives Historiques (CNAH) du groupe SNCF (1470LM0276/002)
 

Plan général du viaduc, novembre 1885 © SARDO – Centre National des Archives Historiques (CNAH) du groupe SNCF (1470LM0078/001)
 
De 1885 à 1914, cinq omnibus reliaient quotidiennement Dieppe au Tréport en aller-retour, en 1h15 environ. Aux transports des voyageurs s’ajoute le convoi de marchandises destinées notamment aux industries verrières de la vallée de la Bresle.
La Compagnie des chemins de fer défaillante est rachetée par l’administration des chemins de fer de l’État dès le 1er janvier 1901.
Pendant la 1ère guerre mondiale, le trafic tombe à deux trajets par jour pour les civils, alors que son usage militaire se développe pour relier les ports normands au front de la Somme et ainsi ravitailler les soldats.


Viaduc surplombant la rivière, s.d. © collection privée
 
Après le conflit, le trafic reprend : les trois omnibus quotidiens permettent un aller-retour en près d’une heure. Même si le trajet est désormais plus rapide, les voyageurs préfèrent les autocars qui empruntent la route du littoral, plus directe et desservant Criel-sur-Mer.
Cette évolution dans les usages entraine l’interruption du service voyageurs le 2 octobre 1938, quelques mois après le remplacement des grandes compagnies ferroviaires par la SNCF, Société Nationale de Chemin de Fer. Seul le trafic de marchandises perdure jusqu’en 1972.
 
La Seconde Guerre mondiale redonne un intérêt stratégique au viaduc : la ligne permet de transporter les matériaux nécessaires à la construction du mur de l’Atlantique sur le littoral cauchois. C’est probablement la raison pour laquelle, le 30 août 1944, trois voûtes du viaduc sont détruites à la dynamite par les Allemands, ouvrant une brèche de trente mètres et stoppant le trafic.


Photo aérienne prise en juin 1945 © source?
 
La fin du conflit amène un retour progressif du transport de marchandises, notamment saisonnières comme celui des betteraves sucrières.
Le tonnage transporté décroit progressivement ce qui a pour conséquence directe de réduire l’exploitation de la ligne. La construction de la centrale nucléaire de Penly redonne de la vitalité mais sur une section d’environ 15 km, entre Envermeu et Penly, pour l’usage unique d'EDF : la voie, qui a permis de transporter les matériaux utiles aux travaux sur le site de la centrale, permet désormais le transport du combustible nucléaire, à destination du centre de retraitement de La Hague.
La ligne est aujourd’hui divisée en deux autres sections. L’une est encore exploitée par la SNCF, entre Rouxmesnil et Envermeu, pour les marchandises, avec un trafic limité. L’autre, entre Saint-Quentin-au-Bosc et Eu, a été déferrée et transformée en sentier de randonnée, le Chemin vert du Petit Caux, sur lequel se trouve le viaduc.
 
Le viaduc et ses voutes sont en maçonnerie de briques. Les garde-corps et les longrines actuels en béton sont des aménagements liés à la Reconstruction.
 
Composé de neuf travées sur 125 mètres de long, il s’élève à près de 15 mètres au-dessus de la route. Son tablier courbe offre une perspective sur la campagne environnante et sur une héronnière, installée dans les bois et bosquets à proximité de la zone humide.
     
Vue aérienne vers 1950 et actuelle © collection particulière (carte postale) © Falaises du Talou
 

Cet élément du territoire allie histoire locale, patrimoine ferroviaire et espace naturel d’intérêt. A ne pas manquer sur la côte d’albâtre !

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Touffreville_EN.pdf
Val-de-la-Haye (2019)
Colonne commémorative dite « colonne Napoléon »
Quai Napoléon
76380 Val-de-la-Haye


Vue générale, carte postale s.d. © collection privée 

Exilé à Sainte-Hélène en 1815, Napoléon y meurt en 1821. Il faut attendre 1840 pour que le roi Louis-Philippe décide de rapatrier la dépouille de Napoléon pour l’inhumer aux Invalides. Le transport se fait par la mer et les navires affrétés arrivent à Cherbourg le 30 novembre 1840. Afin d’éviter tous mouvements de foule sur le trajet menant à Rouen, il est préféré d’utiliser les voies maritime et fluviale à la voie terrestre. Un premier transbordement se fait sur un navire mixte, à vapeur et à voile, appelé La Normandie.  
Après avoir longé les côtes du Calvados jusqu’au Havre, le navire s’engage sur la Seine. A proximité de Rouen, un nouveau transbordement est décidé pour des raisons techniques. La présence de ponts dans les villes traversées depuis Rouen jusqu’à Courbevoie, où le cercueil est débarqué le 15 décembre, et la présence de bancs de sable dans le cours de la Seine imposent l’utilisation d’un navire fluvial, apte à remonter le fleuve. Une escale est alors prévue au Val de la Haye, site idéal pour le transfert, protégé par une île et proche de Rouen.
 

Arrêté préfectoral autorisant le transbordement des cendres au Val de la Haye, ADSM 1 M 369 © Département de la Seine-Maritime
 

L’évènement a lieu entre les 8 et 9 décembre en présence du prince de Joinville, fils du Roi, à qui l’expédition avait été confiée, et qui accompagnait la dépouille de l’Empereur sur La Normandie. Ils ont été accueillis par les autorités locales représentées par le préfet de l’époque Dupont-Delporte, le colonel de la garde nationale, le maire du Val-de-la-Haye et par de nombreux habitants venus assistés depuis les berges au transfert.
 
Dès le lendemain, le conseil municipal exprime le souhait de perpétuer le souvenir de cet évènement. Deux souscriptions sont organisées successivement, accueillies avec peu d’enthousiasme, notamment de la part des grands maréchaux qui, pourtant, avaient côtoyé l’Empereur.
Les 6200 francs récoltés, placés et ajoutés aux intérêts, permettent en 1844 de poser la première pierre du monument sur un terrain, donné en bord de Seine par Mme Fizeaux, née Lézurier de la Martel.
 
 
Plan de la colonne, ADSM 1 M 369 © Département de la Seine-Maritime

La colonne est inaugurée le 15 août 1846, lors d’une cérémonie officielle qui a donné lieu à des festivités avec danses populaires et feu d’artifice. L’aigle en bronze qui surmonte l’ensemble est posé à cette occasion. Les plaques ornant le socle ne le sont que plusieurs années après, faute de finances disponibles. L’ensemble est protégé de grilles en fer en 1851.
 
Le monument prend la forme d’une colonne dorique cannelée, de 75 cm de diamètre, ornée de bagues en bronze. Ces dernières portent en relief les noms des batailles les plus célèbres de Napoléon, dont Arcole (campagne d’Italie, 1796), Pyramides (campagne d’Egypte, 1798), Austerlitz (campagne d’Allemagne et de Trafalgar, 1805), Iéna (campagne de Prusse, 1806) ou encore Moscou (campagne de Russie, 1812).
La colonne est surmontée d’un aigle aux ailes repliées. La statue en bronze, d’environ 545 kg, est commandée à la Maison Marguery à Rouen.
 
 
Devis de la Maison Marguery pour la réalisation d’un aigle en bronze, ADSM 1 M 318 © Département de la Seine-Maritime
 

Sur les quatre faces du socle des bas-reliefs en bronze présentent la croix de la Légion d’honneur et la couronne de Fer, deux ordres honorifiques fondés par Napoléon ainsi que les dates du transbordement (9 décembre 1840) et de la construction de la colonne (15 août 1844).

 
Bas-relief représentant l’ordre de la croix de fer, portant la devise Dieu me l'a donnée, gare à qui y touchera. Ordre créé en 1805 à Milan par Napoléon Ier, agissant en tant que roi d'Italie (1805-1814), sur le modèle de la Légion d'honneur. © Département de la Seine-Maritime
 

Bas-relief représentant la croix de l’ordre de la Légion d’honneur, ordre honorifique civil et militaire créé en 1802 par Napoléon Ier © Département de la Seine-Maritime
 

Dans les fondations ont été placés une boîte contenant des cheveux de l’empereur, un morceau d’acajou de son cercueil, un morceau de pierre de son tombeau à Sainte-Hélène, un morceau de saule abritant sa tombe, la liste des souscripteurs écrite sur parchemin, une plaque de cuivre portant la date de la pose de la première pierre et le procès-verbal de la cérémonie signé par le préfet et les personnalités présentes.
 
La commune est investie dans la conservation de cette colonne et l’animation de ce patrimoine. La restauration complète de la colonne a été réalisée par la municipalité en 2018 : elle a été l’occasion de déposer l’aigle pour un nettoyage et de mettre en place un aménagement paysager sur la parcelle délimitée par des bornes munies de chaînes depuis 1933, installées grâce à une subvention du département.


Repose de la statue de l’aigle après restauration en 2018 © collection privée
 
Deux journées de festivités ont été organisées en juin 2018 grâce à une collaboration entre la municipalité, les historiens locaux et des associations telles que l’Association Colonne Napoléon[1], le souvenir napoléonien[2] et les Amis du patrimoine napoléonien[3].


Fêtes Napoléon, juin 2018 © collection privée


[1] https://www.colonne-napoleon.fr/ 
[2] https://www.souvenirnapoleonien.org/
[3] http://lesapn.org/
 



Version en anglais
https://www.seinemaritime.fr/files/Anglais%20notice%20Val%20de%20la%20Haye.pdf

Vatierville (2022)
Eglise Saint-Pierre
8 rue de l'église
76270 Vatierville


Vue générale, sur la façade sud, 2020© Commune de Vatierville
 
Situé dans la vallée de l’Eaulne, le village de Vatierville est étendu et son église dédiée à saint Pierre se trouve excentrée au sud du centre-bourg.
Bien que cette église n’ait pas de protection au titre des Monuments Historiques, elle interpelle le visiteur par son authenticité et son charme. La commune, consciente de cette valeur patrimoniale, a engagé des travaux de restauration, extérieur et intérieur, en 2019-2020, pour la satisfaction des usagers et des visiteurs.
 
L’édification de l’église semble remonter aux 11e-12e siècles : en effet, il est attesté dans les sources que Hugues de Mortemer donne à l’abbaye de Saint-Victor-en-Caux le patronage de cette église vers 1179.
Orientée et de plan allongé, l’église se compose d’un chœur et d’un chevet plus étroits et voûtés que la nef oblongue. Le clocher de style roman se situe entre nef et chœur. À son sud, vient s’adosser aux 13e-14e siècles une chapelle dédiée à Saint-Roch, ouverte d’une baie de style gothique rayonnant.
La nef a largement été remaniée : seule la trace de l’ancien accès principal sur la façade sud est encore visible. On y distingue les vestiges d’un arc en plein cintre en pierre taillée. À l’intérieur, le plafond plat a probablement remplacé une voûte en bois ou un plafond rehaussé : des traces de décor sous les combles sont encore lisibles.
Après la construction de la sacristie, probablement au 19e siècle, l’église trouve sa composition actuelle.
 
   
Élévation de la façade nord de l’église, plan au sol, 1867 © ADSM 6 Fi 104 et 104 B
 
L’élément emblématique de cet édifice est son clocher aux caractéristiques de l’architecture romane anglo-normand : emploi du tuf, modillons sculptés, arcatures aveugles. Les voutes intérieures portées par d’épais murs peu percés et le décor de façade du clocher sont bien conservés.
Les deux niveaux bas sont en maçonnerie de silex appareillé en opus spicatum (ou arêtes de poisson) avec d’épais contreforts en tuf taillé et appareillé dont un a été restauré en pierre calcaire. Une grande baie en pierre de taille avec décor sculpté à colonnettes éclaire le chœur au nord, surmontée d’une plus petite baie. Les deux niveaux supérieurs sont en tuf taillé et appareillé. Le 3e niveau se compose d’une arcature aveugle. Le niveau sommital reçoit sur chaque face une grande baie géminée et une corniche à modillons en pierre sculptée.
L’ensemble a été restauré à plusieurs reprises au 19e siècle, notamment suite au foudroiement de la flèche en 1839-1841.

 
Le clocher, façade nord, et ses composantes, 2020© Commune de Vatierville
 
À l’intérieur, sous un badigeon blanc, d’anciens décors peints persistaient, que la restauration a permis de dégager. Un faux-jointoyage a été restitué dans la chapelle avec des éléments fleuris, reportés également sur les nervures de la voûte du clocher.
 

Nervures des voûtes rehaussées de couleur, 2022 © Département de la Seine-Maritime
 
Sur les murs de la nef, et jusque dans la chapelle nord, court une litre funéraire. Un blason d’alliance se laissait deviner sur le mur est de la chapelle, avant d’être restauré. Encadrées par des licornes et couronnées, les armes de la famille Turgot (d’argent semé d’hermines frettées de gueules) sont associées à celles de la famille de la Fontenelle (d'azur, à trois tours d'argent).
En effet, au 18e siècle, Michel-Étienne Turgot, prévôt des marchands de la ville de Paris et auteur du plan de Paris portant son nom, acquiert la plupart des terres de la vallée de l’Eaulne : St-Germain-sur-Eaulne, Vatierville, Fesques, Lucy, Sainte-Beuve-en-Rivière, Épinay et Sausseuzemare. À sa mort, sa veuve fait peindre une litre portant leurs armoiries dans toutes les églises dont son mari était patron.
 

Blason d’alliance, litre funéraire et faux-joints, chapelle Saint-Roch, 2022 © Département de la Seine-Maritime
 
Dans les sols de la chapelle, des pavés vernissés anciens ont été retrouvés ainsi que quatre pavés vernissés de Brémontier, au décor caractéristique de cette production, composé d’un personnage de profil dans un médaillon circulaire. Ces éléments ont été intégrés dans le nouveau pavage de la chapelle.
 
L’église conserve un mobilier de qualité, en majorité protégé au titre des monuments historiques, qui lui confère le charme des églises rurales.
Trois bas-relief en pierre sculptée avec traces de polychromie représentent les Apôtres par groupe de six, situés dans le chœur, et la déposition de croix dans la nef.
Le maître-autel abrite une toile du 17e siècle, représentant la Résurrection. Il est coiffé au fronton d’une statue de saint Jean l’Evangéliste du 17e siècle.


Un ensemble mobilier homogène : autels latéraux, poutre de gloire et maître-autel, 2022 © Département de la Seine-Maritime
 
Dans la nef, adossés au clocher, deux autels latéraux, abritant panneaux peints et statues, sont reliés par une poutre de gloire. Elle porte en son centre un crucifix et est accompagnée au nord de la figure de la Vierge et au sud de saint Jean. Le blason de la famille Levaillant, maître-verrier et châtelain de la commune, est apposé sur les deux panneaux peints.
L’autel latéral sud évoque également le fait que Vatierville a été cure[1] ou chapelle royale. En effet, si son panneau peint représente la vision de saint Louis, l’ensemble est surmonté d’un dais couronné avec fond fleurdelisé. Ce dernier correspond au « manteau royal accompagné de deux drapeaux et surmonté d’une couronne ; le tout parsemé de fleurs de lys » qui avait été repéré en son temps par l’abbé Cochet.
 
[1] Le curé était donc étranger au diocèse et nommé par le roi.

Version en anglais
http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Vatierville_EN.pdf
 
Yquebeuf (2019)
Église Saint-Etienne
rue de l'église
76690 Yquebeuf


Vue générale depuis l'ouest, carte postale s.d. © collection privée

L’église d’Yquebeuf, dédiée à saint Etienne, a été érigée en 1769. Le village, dont la première mention date du 12e siècle, possède dès cette époque un édifice de culte.
 
L’ancienne église présentait un clocher situé entre la nef et le chœur. Le portail placé dans le mur latéral était précédé d’un porche. Le manque d’entretien de l’édifice est constaté à plusieurs reprises au 18e siècle lors des visites des archidiacres : les réparations faites sur leur demande ne suffisent pas à prolonger l’existence d’un édifice qui menace ruine. Et en 1757, Monseigneur de Saint-Aulaire indique dans son procès-verbal la nécessité de réaliser des travaux sur l’édifice si son état le permet encore ou de le reconstruire.
 
L’abbé Grouard, curé de la paroisse dès 1758, soutient et porte la restauration complète de l’édifice.
Dix ans plus tard, se réunissent le Marquis de Boniface, Monsieur du Veneur (maître des comptes de la ville de Rouen, seigneur de Beaumont et du Petit Rocquemont), Monsieur Duval du Bailly et Monsieur Jacques André Liberge dans le but d’examiner l’édifice.
Il est décidé de le démolir pour reconstruire une nouvelle église de mêmes proportions, mais cette fois avec un clocher situé au bas de la nef. En 1767, nef et clocher sont reconstruits, coutant 4200 livres. En 1771, c’est le nouveau chœur, qui est érigé aux frais du curé de la paroisse. La bénédiction est accordée et donnée à la nouvelle église en 1772.
 
L’église, de plan rectangulaire terminé par un chevet à trois pans coupés, est construite sur un soubassement de grès dans un appareillage de brique de Saint-Jean ponctuée de brique noire vernissée. Les murs nord et sud sont rythmés par cinq travées, dont la baie est encadrée de contreforts. Chaque ouverture présente un vitrail provenant de l’atelier Boulanger.
Au-dessus de la porte, dans une baie semi-circulaire un vitrail a été monté portant un écu de « gueules à la croix fleurdelisée » tenu par deux anges et surmonté d’un heaume. Cet élément de vitrail proviendrait des verrières de l’édifice d’origine et pourrait dater du 14e siècle.


Vitrail surmontant la porte principale © Département de la Seine-Maritime
 
L’aménagement intérieur et mobilier se poursuit les années suivantes et en 1778 le curé commande à l’architecte Vauquelin un maître-autel. Le devis, conservé aux Archives départementales, décrit l’autel tel qu’on le connait aujourd’hui. Encadré de lambris et de portes menant à la sacristie, ornés d’arabesques, l’autel tombeau est posé sur un emmarchement et orné « de grappes de raisin et des épis avec leurs feuillages ». La prédelle à trois degrés accueille en son centre un tabernacle surmonté d’une niche d’exposition. Si tout est réalisé en bois de chêne, seule l’exposition est en bois de tilleul. L’ensemble de style Louis XVI est rehaussé d’or.


Devis de l’architecte Vauquelin à l’abbé Grouard, 13 mai 1777, ADSM G8665 © Département de la Seine-Maritime
 
   
Vue d’ensemble du maître-autel et détail de la niche d’exposition © Département de la Seine-Maritime
 
L’exposition présente de part et d’autre des angelots surmontés de guirlandes d’épis de blé et grappes de raisin encadrant un panneau de fond orné du triangle trinitaire. Afin de ranger les vêtements sacerdotaux, l’autel est muni de tiroirs, accessibles depuis la sacristie : « tout l’intérieur sera partagé en deux parties tant pour la commodité des ornements que pour la solidité des tablettes ».
Des statues, provenant probablement de la précédente église, côtoient d’autres statues de la chapelle de Colmare, vendue au début des années 1970. Cette statuaire des 15e et 16e siècles en bois ou pierre polychrome complète le mobilier conçu au moment de la reconstruction de l’édifice, aigle-lutrin et banc de fabrique. 
 



Version en anglais
https://www.seinemaritime.fr/files/Anglais%20notice%20Yquebeuf.pdf

Tous les ans un nouvel appel à candidature est lancé, ouvert à toutes thématiques patrimoniales. Indépendant de la politique d’aide à la restauration, il prend la forme de totem avec panneau explicatif, sur lesquels un QR-Code permet d’accéder à la cartographie et aux notices ci-dessus.

Saint-Jean-de-Folleville / Rouxmensil-Bouteilles / Saint-Léonard

Label patrimoine rural