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Lire devant la plus grande plage de sable

Cet article a plus d'un an et est à considérer comme une archive
©Grégory Caille
Cette semaine, la rédaction entame une balade côtière pour se rafraîchir les idées et plonger dans le merveilleux univers des cabanes Lire à la Plage. Une petite bulle culturelle en bord de mer à consommer sans modération.
 
Aux beaux jours, lire à la plage est une activité saine pratiquée par de nombreux profils. Ce loisir est pleinement encouragé par le Département de la Seine-Maritime à travers l’opération du même nom, verbe et lieu adoptant alors la majuscule. 13 cabanes, 13 000 livres et diverses animations attendent les visiteurs jusqu’au 28 août, tous les jours de 14h à 19h (plus d’infos sur cette page).
 
Pour cette première visite, nous mettons le cap à Saint-Aubin-sur-Mer, qui offre à marée basse la plus grande plage de sable de la Côte d'Albâtre. Parmi les cabanes colorées se dressant fièrement sur le front de mer, celle du dispositif Lire à la Plage se distingue par sa taille, plus imposante, et sa terrasse garnie de fauteuils accueillants. Près de la porte, un mot de bienvenue est une charmante attention et une petite devinette interroge : « Comment font deux dinosaures pour se départager ? » Cela nécessite réflexion…


 
Il est 14h47 et trois femmes sont sagement assises, profitant de la tranquillité des lieux et de la vue imprenable pour parcourir quelques pages de leur sélection du jour. Isabelle lit Les Aérostats d’Amélie Nothomb, « un livre plaisant mais que je n’aurais pas acheté. Vous savez pourquoi ? Il coûte 17,90 euros et se termine bien trop vite à mon goût. Contrairement à bon nombre de gens, les petits livres me font un peu reculer. Je les aime plus gros, je veux des pavés, pour rester plus longtemps avec les personnages. Je m’autorise quand même de lire ces textes plus courts en les empruntant comme ici », explique cette habitante de Mont-Saint-Aignan qui passe les beaux jours dans sa résidence secondaire de Saint-Aubin-sur-Mer. Âgée de 70 ans, Isabelle se décrit elle-même comme une « lectrice intensive. J’achète des livres et je fréquente les bibliothèques. J’aime les romans, du classique au contemporain. Lire, c’est tirer un fil et on voit où cela nous mène. Je profite de Lire à la Plage tous les ans, presque tous les jours. Même quand il pleut, je m’installe dans un petit coin de la cabane et j’apprécie l’odeur de la pluie. On est toujours bien accueilli. Je viens généralement seule, mais j’ai fait de belles rencontres sur place et des contacts perdurent. » Il est temps de laisser Isabelle reprendre sa lecture, car bientôt, une amie fera son arrivée et toutes deux discuteront gaiement.


 
Dérangeons un court instant Marie-Claire, 69 ans sous son chapeau coloré, dieppoise possédant un mobil-home dans le camping juste derrière nous. L’ouvrage Grégoire et le vieux libraire, de Marc Roger, lui envoie plein de bonnes ondes positives. « Quand j’étais petite, la priorité des parents, c’était que l’on ait à manger. J’ai découvert le plaisir de lire bien plus tard, car nous n’avions pas toute cette offre à l’époque, et quelle révélation ! Lire est une forme de liberté, qui invite à la tolérance et à l’évasion de son quotidien. Je viens régulièrement à Lire à la Plage, essentiellement en semaine car il y a trop de monde pour moi le week-end. » Marie-Claire a bien rattrapé le temps perdu (petit clin d’œil littéraire à Marcel Proust) et se nourrit de nombreuses lectures tout en veillant à transmettre sa curiosité aux plus jeunes générations. « Je lis un peu toutes sortes de romans, mais je ne suis pas adepte de ceux historiques ou à l’eau de rose. Je fréquente la médiathèque de Dieppe et je participe au Prix Premières Paroles, organisé dans le cadre du festival Terres de Paroles. Lire est somme toute facile, mais écrire et publier demandent du courage », reconnaît Marie-Claire.


 
La terrasse est de plus en plus animée. Ici, un homme saute de case en case pour découvrir une aventure de l’irréductible Gaulois moustachu. Là, une femme cherche l’inspiration et salive devant un livre de recettes. La moyenne d’âge baisse au fil de l’après-midi. Bernadette est venue avec un trio de petites-filles. Apollonia, 9 ans, a choisi une BD de la série Les Profs et aime les bêtises des élèves et de leurs enseignants. Rose, 10 ans, découvre une BD de Frigiel et Fluffy, personnages évoluant dans un univers à la Minecraft. Eléanore, 11 ans, troque soudain Le Club des baby-sitters pour un livre dédié à un sujet bien plus sérieux, la Première Guerre mondiale. Leur mamie, 69 ans, est sous le charme de L'ami arménien, d’Andreï Makine. Réunie autour d’une activité commune, chacune passe un agréable moment en explorant l’univers de son choix. « J’habite Rouen et je suis propriétaire d’une maison à Saint-Pierre-le-Viger, un lieu où se succèdent tous les petits enfants au cours de l’été. Presque tous les jours, j’emmène ma tribu à Lire à la Plage, soit à Veules-les-Roses, soit ici. On ne trouve pas les mêmes choses selon le lieu, cela permet de varier les plaisirs. C’est un moment essentiel pour moi. J’anime moi-même un club de lecture et le partage autour des récits est primordial », estime Bernadette.


 
Le temps file sans même s’en rendre compte. Dans la cabane, c’est déjà l’heure de l’animation. Une chasse aux livres mobilise les enfants qui écoutent attentivement les indices communiqués par les animatrices avant de fouiller respectueusement les bacs jeunesse. Les bons titres sont trouvés plus ou moins rapidement et les participants remportent un petit cadeau symbolique. Un poisson ou un crabe en origami constituera un joli souvenir. Jeanne Leblond, responsable de cette cabane, et sa collègue Marion Fischer sont heureuses de travailler dans un tel cadre. Anaïs Lainé est quant à elle de repos ce jour. Toutes les trois accueillent et conseillent toujours les visiteurs avec le sourire. Elles peuvent même mettre un livre de côté pour le lecteur quittant les lieux mais désireux de revenir le lendemain poursuivre son œuvre. Il est d’ailleurs temps de partir pour nous également, mais pas sans connaître la réponse à la devinette du jour. Nos fameux dinosaures rencontrés au début de l’article font tout simplement un « tirageausaure » (tirage au sort, écrit de manière sympathiquement jurassique).