Chaque vendredi, zoom sur l'une des exploitations de la Seine-Maritime présente sur le site Mon Panier 76, une plateforme élaborée par le Département qui permet d’identifier et de localiser producteurs et points de vente de produits locaux. Cette semaine, c’est au tour de la Ferme Ruette, située à Gueutteville, non loin d’Yvetot.

Avant d’évoquer son amour de la farine bien faite au sein de son exploitation, Agnès Ruette tient à préciser une chose : son activité actuelle est le résultat d’une lente maturation. « À l’origine nous sommes une exploitation familiale basée sur la polyculture et l’élevage. Mais moi, ce qui me manquait, c’était le contact avec le consommateur car un travail standard isole dans la structure et dans l’environnement ». Pour y remédier, Agnès et sa famille, passent par des « idées farfelues comme des ateliers-pâtisseries ou des fermes-auberges. Et puis il y a eu un déclic, ce que j’appelle mon projet farine ». Derrière ce surnom repose un rêve qui dormait dans la tête d’Agnès depuis des années : acheter un moulin et faire de la farine de qualité.

Nous sommes alors en mars 2019. L’aventure s’annonce exigeante et les préparatifs ne manquent pas. «  J’avais une idée bien arrêtée sur le moulin. Ça a été difficile de trouver celui qui convenait et surtout d’apprendre à le connaître ! ». Une fois le moulin installé, des stages de boulangerie passés et une phase de tests accomplie, la commercialisation commence. Elle concrétise un travail de longue haleine et des valeurs immuables. « On est dans une agriculture de conservation et respectueuse de l’environnement. Nous entretenons un sol végétalisé constitué de légumineuses au pied du blé, ce qui le renforce considérablement ».

Un des atouts de cette technique : réduire la dépendance aux engrais chimiques, une priorité pour Agnès qui parle de la faune et de la flore environnantes comme de solides alliées dans sa démarche éco-responsable. « On privilégie l’association d’espèces et on milite pour un sol vivant, fertile et sans labour. La nature est bien faite, elle gère elle-même l’équilibre entre tous les éléments ». Et s’il faut procéder à quelques ajustements, Agnès s’impose le strict minimum. « Parfois, la plante n’est plus en capacité de se développer alors on se doit de stimuler ses défenses. Cela peut se faire avec des orties par exemple. Tout passe par l’observation de la croissance ».

Ce respect de la nature se voit et surtout se goûte une fois la farine terminée. Et si le contexte actuel est compliqué pour tout le monde, il aura au moins eu un mérite : « beaucoup de personnes sont venues nous voir lors du premier confinement pour acheter notre farine et faire différentes préparations. Beaucoup nous sont restées fidèles après avoir constaté que cela n’avait rien à voir avec les farines qu’on trouve dans le commerce ». Avec cette nouvelle clientèle, de nouveaux produits sont venus naturellement satisfaire la demande grandissante : farine complète, d’orge ou plus épurée et même des pâtes fermières. L’occasion pour Agnès de démentir une célèbre comptine. « Depuis 1 an, l’activité meunière a repris énormément de couleurs alors en ce moment, on ne peut pas vraiment demander à un meunier s’il dort ! ».

La Ferme des Ruettes sur le site Mon Panier 76 figure à cette adresse.

Et en bonus, une "vidéo recette" : un gâteau de crêpes aux pommes et caramel au beurre salé !