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Retour au pâturage dans le pays de Bray

Publié : Il y a 1 mois
©Nicolas Bram

Entre un monde de plus en plus urbanisé, et un métier, l’agriculture, devenu plus complexe, le fossé s’est creusé. Durant neuf jours, le Département s’est installé au Salon International de l’Agriculture à Paris et en profite pour faire découvrir le quotidien de ceux qui chaque jour réinventent le travail de la terre. Aujourd’hui, Guillaume Lefrançois, producteur laitier, engagé dans la remise en herbe de ses vaches normandes, avec le soutien du Département.
 

En France, près de huit animaux sur dix sont élevés dans des fermes d’élevage intensif. À l’heure où c’est devenu la référence, des agriculteurs font aujourd’hui le choix de privilégier des pratiques alternatives. En Normandie, deuxième région de France productrice de lait après la Bretagne, et particulièrement dans le pays de Bray, les éleveurs sont nombreux à maintenir ou à remettre en herbe leurs troupeaux. C’est le cas de Guillaume Lefrançois. À Montérolier, entre Buchy et Neufchâtel-en-Bray, il s’occupe depuis 23 ans de la ferme transmise par ses parents. Une exploitation de 104 hectares au total, dans un cadre vallonné typique du pays de Bray, où il produit du lait pour l’entreprise Danone.


Le choix de l'autonomie

La crise laitière de 2015, qui a causé une forte baisse du prix du lait et des revenus des producteurs, l’a poussé à repenser son mode de production. Pour nourrir ses 40 vaches, il cultivait jusqu’alors du maïs au sein de son exploitation. « Mais le maïs ensilage, ce n’est pas équilibré pour les animaux, explique Guillaume Lefrançois. Il faut des correcteurs comme du soja et du colza, qui viennent le plus souvent des États-Unis ou d’autres pays, et dont les cours sont trop fluctuants. Je voulais être moins dépendant. » L’agriculteur s’est alors engagé dans une démarche de remise en herbage de ses vaches. Pour cela, il a bénéficié, dès 2015, des aides européennes dans le cadre des MAEC (Mesures agroenvironnementales et climatiques) ainsi que de l’accompagnement de l’association des Défis ruraux (devenus Civam en 2018) avec le soutien financier du Département de la Seine-Maritime. « J’ai divisé par deux la surface en maïs dans mon exploitation, raconte-t-il, soit 11 hectares où j’ai planté de la prairie temporaire. » De la prairie constituée de graminées fourragères, de trèfle blanc et violet notamment, qui s’est ajoutée aux 62 hectares de prairies permanentes qui composent sa ferme. Ses vaches y pâturent d’avril à décembre (si le climat le permet). L’hiver, bien au chaud, elles se nourrissent de fourrages.

 

Les avantages de la remise en herbe

Si cela n’a pas toujours été facile et que Guillaume Lefrançois a dû persister, il ne regrette pas son choix, loin de là. Plus autonome, sa situation économique s’est notablement améliorée par rapport à 2015. L’éleveur insiste sur les avantages de la démarche. En termes de santé notamment, les animaux ont moins de soucis, c’est moins de frais de vétérinaire. « Les vaches sont moins poussées, c’est une alimentation moins intensive. Dans certaines exploitations, tout est robotisé, les vaches ne sortent jamais. Je préfère voir mes vaches gambader dans l’herbe. »  D’autant que la vache normande est une race qui se prête bien à cette démarche. En effet, elle dispose d’une bonne capacité d’ingestion qui lui permet de bien valoriser l’herbe. « Le gros avantage du pâturage, souligne-t-il enfin, c’est que ce sont les bêtes qui vont à l’herbe chercher leur alimentation. Cela m’évite beaucoup de mécanisation pour la récolte du maïs et la redistribution. Je dépense moins de fuel. C’est vraiment économiquement plus confortable et meilleur pour l’environnement. »
 
Cependant, les vaches étant « moins poussées », elles sont aussi moins productives. Il a donc dû progressivement augmenter son cheptel pour maintenir sa production de 400 000 litres de lait par an. Aussi, de 40 têtes en 2015, son troupeau est passé à 80 bêtes aujourd’hui. « C’est une charge de travail beaucoup plus importante, car plus de traites au quotidien », souffle-t-il. C’est pourquoi il envisage de réajuster sa taille pour la stabiliser à 60 vaches, lui permettant toujours, selon ses calculs, d’être bien rémunéré. La remise en herbe de ses vaches ? « C’est mieux pour leur bien-être, et pour le mien ! », résume-t-il.